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Chers lecteurs, merci de consulter notre blog. La Republique Democratique du Congo vient sortir d'une guerre de plus de 10 ans qui a fauché la vie à plus de cinq million des personnes; L'Ituri est l'un de ces coins du Congo qui a été le plus devasté par cette guerre; elle a perdu près d'un million des ses fils et filles et son image en est sortie terriblement ternie...Ce blog pose et tente de répondre à quelques questions sur cette tragedie: quelles sont les causes reelles des ces tueries, qui en sont les auteurs, que doit-ont faire pour eviter la répétition de cette tragedie? Nous vous proposons ici des articles des journaux,études fouillées et réflexions des éminents scientifiques sur le drame Iturien.

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lundi 28 mars 2011

Le gouverneur Autsaï échappe à l’interpellation de l’assemblée provinciale

La motion d’interpellation du gouverneur de la Province Orientale, Médard Autsaï Asenga, a été rejetée au cours de la plénière de l’assemblée provinciale, du vendredi 25 mars 2011.
Le gouverneur devait, selon radio Okapi, s’expliquer devant les députés sur la création, le fonctionnement et la gestion d’un service public provincial dénommé: «Régie des travaux publics de la Province Orientale» (RTPO). Cette motion d’interpellation a été rejetée par la majorité de ceux-là même qui l’avaient auparavant soutenue. L’opposition crie à la corruption et à la mascarade.
Pour certains observateurs, il n’y a rien de surprenant dans les activités des assemblées provinciales du pays. Parce que, au lieu de voter des édits et de chercher le bien-être de la population, les députés provinciaux semblent s’occuper des questions secondaires et détourner ainsi l’attention des électeurs. On constate que toutes les assemblées provinciales du pays, à quelques exceptions près se ressemblent.
Autsaï Asenga n’est pas le premier ni le dernier sur la liste des gouverneurs ayant fait l’objet d’une motion d’interpellation. Après le gouverneur du Kasaï Occidental qui présenté sa démission au chef de l’Etat après les déboires judiciaires dont on ignore l’issue jusqu’à ce jour, Richard Dambu, gouverneur du Bandundu vient d’être évincé par les députés provinciaux qui lui reprochent la mauvaise gestion des affaires de l’Etat. Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku a déjà été victime d’interpellation et menacé de quitter son fauteuil.
Il est vrai que les élus du peuple à tous les niveaux ont reçu de la Constitution, plein pouvoir non seulement de voter les lois, mais aussi d’exercer le contrôle sur l’exécutif tant national que provinciaux. Mais on se rend compte que l’exercice de contrôle, si cela paraît justifié au niveau du Sénat et de l’Assemblée nationale, paraît plutôt complaisant du côté des assemblée provinciales.
Pour ne considérer que le cas du gouverneur de la Province Orientale, force est de constater avec beaucoup de surprises que les députés initiateurs de la motion d’interpellation, ont fait marche arrière en renonçant à leurs prétentions.
On peut donc présenter beaucoup d’hypothèses face à ce jeu : le gouverneur a-t-il vraiment corrompu les députés provinciaux auteurs de la motion, ou bien le dossier d’accusation n’était pas suffisant argumenté pour convaincre la plénière ?
(Stephane Etinga)

Crime de guerre: le général Kakwavu comparait devant la haute cour militaire à Kinshasa

Le procès Jérôme Kakwavu, général de brigade au sein des FARDC, a débuté, vendredi 25 mars à la Haute cour militaire à Kinshasa. Il est poursuivi pour crime de guerre par viol commis à Aru, en Ituri (Province Orientale), en 2004. A l’audience introductive de ce vendredi, la haute cour a pris l’affaire en délibéré pour statuer prochainement sur le mémoire de la défense concernant la détention du prévenu et sur la requête de la partie civile relative aux victimes. 
Le général Munkutu Kiala, représentant l’organe de la loi, n’a pas ménagé son collègue Jérome Kakwavu, ancien seigneur de guerre. Selon Munkutu Kiala, le prévenu est un «ex-président de la républiquette de Aru qui fut considéré comme un dieu. Il a transformé Elisabeth en esclave sexuelle,» a-t-il martelé.
Jérôme Kakwavu est poursuivi, pour des raisons de justice, pour deux cas de viol, alors qu’il a commis beaucoup de crimes, a poursuivi le général Munkutu. 
L’avocat conseil du prévenu a répliqué qu’il n’y a pas de preuves de tout cela. Kakwavu a contribué à la pacification de l’Ituri. Il faut régulariser sa détention, a estimé son avocat, Charlène Yangazo: 
«Il n’y a pas de pièces qui justifiaient la prolongation de sa détention. Il y avait également violation des droits de l’homme que nous avons pu déceler.» 
Un des accusateurs est aussi monté au créneau. L’avocat des victimes, Théodore Mukendi, a demandé à la Cour de décider de mesures de protection pour les femmes violées: 
«Nous voulons qu’à défaut d’expurger les noms des victimes sur les pièces, nous demandons qu’on puisse leur faire bénéficier de l’anonymat en leur accordant des pseudonymes.»   
A la prochaine audience du 8 avril, la cour devrait rendre son arrêt sur les demandes de deux parties.   
Les premières auditions devant le ministère public de Jérôme Kakwavu, écroué à la prison centrale de Makala depuis avril 2010, remontent à 2005.
Ancien leader des miliciens des Forces armées populaires du Congo (F.A.P.C), il a intégré, avec ses armes et ses hommes, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à la suite d’un processus d’intégration des groupes armés de l’Ituri.

(OKAPI)

F. Ndjabu,Pitchou, Sharif Manda et Mateso, alias Kung Fu à la CPI pour témoigner

Quatre miliciens de l'Ituri transférés aux Pays-Bas par avion belge

(BELGA)
Mis en ligne le 28/03/2011
"Ils ne resteront qu'un mois et demi maximum à La Haye et reviendront ensuite à Kinshasa."
Quatre ex-miliciens du district de l'Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), ont été transférés dimanche par avion militaire belge à la Cour pénale internationale (CPI) pour être entendus comme témoins dans les procès de deux anciens chefs miliciens congolais, a annoncé lundi le ministère de la Défense. Ces quatre ex-miliciens ont été transférés de la prison centrale de Makala à Kinshasa, où ils étaient détenus, à Rotterdam par un Embraer de la composante Air, a précisé un porte-parole militaire à l'agence BELGA.
"En exécution d'un accord avec la CPI, la Défense a transporté ce dimanche quatre prisonniers de Kinshasa à Rotterdam par vol militaire. L'avion avait été pré-positionné le 25 mars en RDC. Les prisonniers sont poursuivis par les autorités congolaises mais vont témoigner devant la CPI dans le cadre d'affaires concernant trois autres personnes", a indiqué le ministre de la Défense, Pieter De Crem, dans un communiqué.
Selon le ministre congolais de la Justice, Emmanuel Luzolo Bambi, il s'agit "de quatre anciens miliciens (de l'Ituri) sous le coup d'une procédure judiciaire en RDC, qui vont être entendus en tant que témoins dans deux affaires en cours à la CPI, les dossiers Thomas Lubanga et Germain Katanga".
 
"Ils ne resteront qu'un mois et demi maximum à La Haye et reviendront ensuite à Kinshasa", a ajouté M. Luzolo Bambi à l'AFP, sans préciser leur identité.
Thomas Lubanga, UPC
L'Union des Patriotes congolais (UPC), une ex-milice congolaise muée en parti politique, a révélé lundi les noms des quatre anciens chefs miliciens. Il s'agit de Floribert Ndjabu, Pierre Célestin Pitchou, Sharif Manda et Mateso Ndinga, alias Kung Fu, a précisé le président intérimaire de l'UPC, John Tinanzabo, cité lundi par la radio onusienne Okapi.
"Ce que je souhaite, c'est que la vérité éclate autour de cette affaire de l'Ituri. Et nous espérons que ceux qui iront témoigner diront la vérité. La cour en tirera toutes les conséquences", a-t-il ajouté.
L'Union des patriotes congolais est le parti de Thomas Lubanga, accusé de crimes de guerre, et qui comparaît depuis le 26 janvier 2009 devant la CPI. Il a été arrêté à Kinshasa en 2005, puis transféré en 2006 à La Haye. Il est accusé d'enrôlement et conscription d'enfants de moins de 15 ans durant la guerre civile en Ituri entre septembre 2002 et août 2003, mais il plaide non coupable.
Selon M. De Crem, c'est la deuxième fois que la Défense effectue un tel transport de prisonniers au profit de la CPI. En février 2008, la Défense avait déjà transporté Mathieu Ngudjolo de Kinshasa vers les Pays-Bas lorsqu'il devait comparaître. Il avait été arrêté le jour avant sur base d'un mandat d'arrêt de la Cour.
L’UPC salue la convocation de quatre ex-leaders miliciens de l’Ituri à la CPI


L’Union des patriotes congolais (UPC), parti de Thomas Lumanga, salue le départ, ce dimanche 27 mars, de quatre anciens chefs miliciens de l’Ituri à La haye, en vue de témoigner dans les affaires Germain Katanga et Mathieu Ngujolo et Thomas Lubanga devant la Cour pénale internationale (CPI). Le président intérimaire de l’UPC, John Tinanzabo, souhaite à l’occasion que la vérité puisse éclater sur ce qui s’est passé en Ituri (Province Orientale).


John Tinanzabo ne trouve pas d’inconvénient à ce que les avocats de la défense dans ces affaires convoquent Floribert Ndjabu, Pierre Célestin Pitchou, Sharif Manda et Mateso Ndinga, alias Kung Fu comme témoins. Mais, il a précisé:
«Je que je souhaite, c’est que la vérité éclate autour de cette affaire de l’Ituri. Et nous espérons que ceux qui iront témoigner diront la vérité. La cour en tirera toutes les conséquences.»
John Tinanzabo a toutefois protesté contre le fait que ces quatre anciens chefs miliciens de l’Ituri ont été détenus depuis cinq ans à la prison centrale de Makala (Kinshasa) sans jugement. En cela, selon lui, la justice congolaise a violé leurs droits.
«Moi, je ne souhaite pas qu’il rentrent en prison, [mais] chez eux; parce qu’aucune procédure n’a commencé pour les juger,» a-t-il poursuivi.
Selon le bureau de la CPI à Kinshasa, ces quatre anciens chefs miliciens vont séjourner pendant trente jours ouvrables à la Haye.
Le premier témoin de la défense de Germain Katanga a commencé sa déposition, jeudi 24 mars, devant la CPI.
Germain Katanga est poursuivi avec Mathieu Ngudjolo, pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, commis lors de l’attaque de Bogoro, un village de l’Ituri, en Province Orientale, le 24 février 2003. Cette attaque aurait fait près de 200 morts.
Quant à l’ancien chef de l’UPC, il comparaît depuis le 26 janvier 2009. Thomas Lubanga est accusé de crimes de guerre pour enrôlement et conscription d’enfants de moins de quinze ans durant la guerre civile en Ituri, entre septembre 2002 et août 2003. Mais, il plaide non coupable.
L’UPC salue la convocation de quatre ex-leaders miliciens de l’Ituri à la CPI (Okapi)

vendredi 25 mars 2011

CPI: PROCES KATANGA - DEPOSITION DU PREMIER TEMOIN DE LA DEFENSE DANS L'AFFAIRE KATANGA

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La Haye, 24 mars 2011 (FH) - Le premier témoin de la défense de Germain Katanga a commencé sa déposition, jeudi, devant la Cour pénale internationale (CPI). Agé de 30 ans, le petit frère de l'accusé, Jonathan Bubachu Baguma, étudiant en agronomie, a déposé sans mesures de protection.
Germain Katanga est poursuivi avec Mathieu Ngudjolo, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, commis lors de l'attaque de Bogoro, un village de l'Ituri, région minière de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), le 24 février 2003. Cette attaque aurait fait près de 200 morts. Selon le procureur, M. Katanga était alors l'un des commandants de la Force de résistance patriotique en Ituri (FRPI), une milice congolaise.
Le premier des 22 témoins que compte appeler la défense a évoqué les attaques survenues à Aveba, au sud de Bunia. « Il y avait beaucoup d'affrontements avec des jeunes gens du village qui ne voulaient pas céder leur village aux Ougandais. Il fallait se battre contre les Ougandais, qui brûlaient les maisons et pillaient les lieux. Les jeunes se battaient avec des moyens primitifs. Ils prenaient des lances et des flèches pour se défendre (...) Mes camarades, avec lesquels j'étudiais, ont été tués ».
Selon le témoin, les Ougandais sont restés au moins deux ans dans la zone. Evoquant son frère, l'accusé Germain Katanga, le témoin a expliqué qu'il « a eu l'occasion d'obtenir une arme à feu, d'un Ougandais, au front ». Mais interrogé par maître David Hooper, l'un des avocats de Germain Katanga, il n'a pas pu être plus précis. « Peut-être l'Ougandais a jeté l'arme, ou bien il a tué un ougandais, je ne peux pas le dire ». Il a ensuite poursuivi son récit des combats d'août 2002, au nord de Bunia, chef lieu de l'Ituri. Sa déposition doit se poursuivre vendredi.
A l'ouverture de cette même audience, l'un des avocats des victimes, Jean Louis Gilissen, a demandé aux juges d'engager « une réflexion » sur la question des procédures ex-parte. De nombreuses audiences se tiennent à huis clos, et en l'absence de l'une ou l'autre des parties, selon les thèmes abordés. « Lorsque nous découvrons les décisions sur les sujets abordés en ex parte (...) nous n'en comprenons pas la raison », a déclaré Jean-Louis Gilissen qui a demandé à la chambre d'y réfléchir. « Nous n'avions pas eu le sentiment qu'il y a eu des excès pendant toute cette période préparatoire des témoins de la défense », a rétorqué le président de la chambre, Bruno Cotte.
Il a ensuite expliqué que l'audition de certains témoins de la défense, actuellement détenus, nécessitait « la coopération avec la République du Congo », et connaissait quelques lenteurs, avant de rappeler que ces demandes sont faites par les parties, le procureur et la défense.
Promu brigadier général au sein des Forces armées congolaises en décembre 2004, Germain Katanga avait finalement été arrêté en mars 2005 et détenu pendant trois ans à Kinshasa, avant d'être transféré à La Haye, le 17 octobre 2002.
SM/ER/GF
 © Agence Hirondelle

lundi 14 mars 2011

Ituri, que dit le livre «Noir Canada, Pillage, corruption et criminalité en Afrique»

Au début de 2003, en même temps que les belligérants des Grands Lacs signent le fragile Accord de Paix Global et Inclusif de Pretoria qui prévoit la constitution d'un gouvernement de transition, la pétrolière canadienne Heritage Oil fait gravement incursion dans l'Est du pays, avec le soutien de Kinshasa.

Issu de l'Accord, le gouvernement de transition de la "République démocratique du Congo" répond d'une formule malaisée. Le président Kabila est confirmé à son poste, mais se voit flanqué de quatre vice-présidents qui sont en fait ses ennemis d'hier : Jean- Pierre Bemba du Mouvement de libération du Congo (soutenu par l'Ouganda), Azarias Ruberwa du Rassemblement congolais pour la démocratie (soutenu par le Rwanda), Abdoulaye Yérodia, fidèle du parti présidentiel (le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) ainsi que Z'Ahidi Ngoma comme représentant de l'opposition non armée. Le conseil des ministres est obèse : 61 titulaires.

Le gouvernement n'est pas sitôt constitué que Heritage Oil met à très rude épreuve cet improbable aménagement du pouvoir.

Kabila annonce d'emblée la cession des gisements pétroliers de la province de l'Ituri et du Nord-Kivu à la société canadienne. Ce sont des territoires qu'il ne contrôle pas : l'Ituri a été créé durant la guerre par les Ougandais et se trouvait contrôlé par le MLC au moment de la signature des accords de paix.

Le clan Kabila s'est manifestement aillé à la pétrolière canadienne pour disputer immédiatement le contrôle de ce territoire aux adversaires ougandais. Et pour cause, Heritage Oil vante davantage son expertise sécuritaire et militaire que ses connaissances dans le domaine pétrolier. Auprès du journaliste berlinois Dominic Johnson, son PDG Michael Wood revendiquait sans cligner des yeux "un sens du risque différent des autres entreprises pétrolières ".

Dans les confins de la République où s'affaire Heritage Oil, sous 30.000 km2 gît du pétrole. Dépossédé de sa souveraineté sur cette portion du territoire, l'Etat l'est tout autant concernant cette ressource. Pour ne rien simplifier, ce territoire congolais jouxte des aires d'exploitation dans l'Ouganda voisin, que la pétrolière canadienne s'est déjà vu concédées. Ces droits d'exploration (ainsi que d'exploitation en ce qui regarde le versant ougandais), que Heritage Oil a acquis tant au Congo oriental qu'en Ouganda, lui permettent de lancer des projets d'exploitation sur les deux rives du Semliki, un fleuve limitrophe qui se déverse dans le Lac Albert. Ce gisement recèlerait de part et d'autre de la frontière entre 332 et 996 millions de barils.

Le ministre congolais des Mines, Simon Tuma-Waku Bawangamio, et le vice-président de Heritage, Bryan Smith, avaient déjà conclu un accord liminaire, le 2 juin 2002, mais on a attendu la proclamation de la "paix" pour procéder à l'annonce. Ce contrat ayant été signé sitôt la "paix" annoncée, il a échappé au mandat d'observation de la Commission Lutundula sur la validité des conventions économiques conclues en temps de guerre.

"L'accord est politiquement délicat, car le gouvernement de Kinshasa ne contrôle pas la région en question. C'est le territoire des rebelles, divisé entre plusieurs groupes, et la partie de la concession la plus économiquement intéressante a été la scène de pires combats de la guerre au Congo: une partie de l'Ituri et la partie nord du Nord-Kivu."

C'est une provocation qui risque de relancer la guerre. Comme de fait, les prétentions d'Heritage entament 1es efforts désespérés qui ont été faits pour instaurer un climat de paix dans cette région éprouvée par des millions de morts. L'irresponsabilité politique est totale. " Pas une seule goutte de pétrole n'est encore extraite, ni du côté de l'Ouganda, ni du côté congolais de la vallée. Le travail actuel de Heritage Oil est exploratoire et même s'il prospère [sic], les phases du développement et de la production viendront beaucoup plus tard. Mais malheureusement le coût humain est déjà élevé. L'Ituri dans le nord-est congolais, déjà le site des pires massacres et de pires horreurs de la crise congolaise, est devenu un nouveau champ de bataille pour les intérêts régionaux et internationaux".

UN PASSE GARANT DE L'AVENIR

La réputation déjà sulfureuse de Heritage Oil contribue à aggraver ce climat psychologique. Fleritage Oil & Gas naît à Calgary et est inscrite à la Bourse de Toronto en 1992. Son fondateur et membre du conseil d'administration, Tony Buckingharn - de son nom de guerre - est rompu au mercenariat. Buckingham a fait ses premières armes en Angola avec la pétrolière canadienne Ranger Oil avant de fonder Heritage Oil. Via l'Albion Energy dont il est l'actionnaire majoritaire (55%) et qui détient elle-même une majorité d'action de Heritage Oil, il se trouve à contrôler cette dernière. Heritage Oil a ses bureaux dans un complexe où se trouvent des représentants de services connexes: pétrole, or, diamant, sans parler du cabinet de comptables agréés et du bureau de finance offshore. "Se sont ajoutées à cela des compagnies militaires et d'aviation." En 2005, Herirage Oil créera finalement une filiale en Suisse, un paradis fiscal, pour lui confier sans surprise son centre de finance et de gestion. " Ouvrir un compte en Suisse, c'est se constituer une réserve d'argent dont personne, à part soi-même et une poignée de collaborateurs de la banque, ne connaîtra jamais l'existence. "C'est aussi de Suisse, à Lugano, que Nanes Delorme Capital LLC, le conseiller financier exclusif de Heritage, a géré la vente des actifs de son client en République du Congo (le Congo occidental).

Vétéran britannique des unités d'élite SAS et proche du premier ministre britannique Anthony Blair, Buckingham a servile gouvernement angolais, alors en pleine guerre contre les rebelles de l'Unita (Union nationale pour 'indépendance totale de l'Angola) dans les années 1990. Le trafic diamantaire lui aurait permis de se constituer un trésor de guerre (thèse 4, glose 4). Il a fait appel dans ce contexte à Executive Outcomes (EO), une firme de mercenariat fondée en 1989, à partir de son 32e bataillon, par l'ancien militaire sud- africain Eehen Barlow, soupçonné d'avoir contribué à l'assassinat d'activistes anti-apartheid. Pour mettre sur pied cette force de défense, il aurait aussi bénéficié d'une enveloppe de 30 millions Usd de la part de Ranger Oil, bien connue de lui.

En 1995, actif également en Sierra Leone (ainsi qu'en Namibie), Buckingham affecte cette fois ses mercenaires au service du président Tejan Kahbah et du capitaine Valentine Strasser pour repousser les assauts insurrectionnels du Revolutionary Patriotic Front (RUF). Pendant que le RUF bénéficiait du soutien actif de réseaux mafieux et des services secrets de la "Françafrique", Executive Outcomes et Buckingham fournissaient le gros des forces gouvernementales dans une guerre dont l'horreur pour les populations civiles fut inénarrable: esclavagisme sexuel, politique d'amputation systématique, exécutions sommaires..

Ces deux guerres créent un précédent en Afrique, quant à la façon de privatiser d'un même tenant guerres et pillage industriel. "Anthony Buckingham de Heritage Oil est à l'origine du contrat du gouvernement angolais avec la firme de soldats sud-africaine Executive Outcomes, et un contrat avec la firme militaire américaine AirScan a été signé à l'initiative de Chevron à Cabinda (région angolaise). Comme le scandale de l'Angolagate l'a révélé en 2000, un nouveau type d'entrepreneur financiaro-militaire (Kriegswirtscha [tsunternehmer), d'après les cas de Pierre Falcone et Arcady Gaydamac, s'est imposé à partir du trafic d'armes et d'un positionnement stratégique dans l'économie angolaise." Autour d'intérêts strictement privés, Executive Outeomes (au compte d'Heritage Oil) et AirScan (pour Chevron) ont donc mené en sol angolais une guerre terrible pour les civils. Après avoir vaincu la rébellion en 1994, le gouvernement angolais passe à la caisse et accorde à Heritage Oil, conjointement avec Ranger Oil, des gisements pétroliers d'une valeur de 30 millions Usd.

Après ses lucratives aventures en Angola et en Sierra Leone, Executive Outcomes fusionne ses capitaux avec ceux de Sandline International, pour se faire oublier le temps des controverses.

Sandline devient logiquement la société écran qu'utilise Executive Outcomes pour poursuivre ses opérations. " La boucle était bouclée.

Le vivier de Sud-Africains pauvres au point d'accepter de risquer leur vie fournissait les forces physiques, Sandline prenait sur elle l'organisation et garantissait la respectabilité de l'opération (the respectable front). L'opération avait pour visée d'encadrer la bonne marche des affaires occidentales en Afrique et dans d'autres points chauds du globe, de garder ses propriétés et, au besoin, de sourenir les gouvernements lorsqu'ils étaient les mieux disposés à répondre des exigences du business. " Si Executive Outcomes aujourd'hui n'existe p'us comme telle, on ne peut pas en dire autant des quelque 200 filiales qu'elle a créées.

C'est ce palmarès-là que Heritage Ou met en valeur pour asseoir sa crédibilité en matière de "sécurité" dans la région des Grands Lacs: 1-leritage Oil se présente donc comme une entreprise apte à fonctionner dans des endroits où la paix est improbable, si elle ne doit pas être activement compromise. Buckinghana et les siens " ne cherchent pas à planter le drapeau d'un pays: leur prime de guerre se paie en droits d'exploitation de gisements, confiés à leurs sociétés spécialisées, comme Branch Energy, Branch Mining ou Heritage".

Pour preuve, les dernières acquisitions de Heritage se sont faites notamment en Irak.

FEUX GENOCIDAIRES: HERITAGE OIL EN TOILE DE FOND

Pour s'assurer le contrôle du territoire conquis 'également par Heritage, dans un premier rayon (voir figure A), Kinshasa (Congo oriental) et Kampala (Ouganda) se battront par "ethnies" inter posées, respectivement les Lendu et les Hema qui occupent le territoire. Ces groupes se disputent les mêmes terres depuis des lustres et sans présence de sociétés étrangères, des affrontements éclateraient certes encore dans la région; d'autres problèmes sociodémographiques occasionneraient aussi de la violence. Mais le différend sans âge qui divise ces communautés se verra cette fois violemment exalté par les acteurs économiques.

Dans un deuxième rayon de cette arène sanglante, se trouvent les gestionnaires régionaux. L'Est congolais est formé d'une multitude complexe de mouvances depuis que le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), soutenu jusqu'alors par une alliance factice entre le Rwanda et l'Ouganda, s'est scindé en mai 1999 à l'issue des affrontements de Kisangani. Le RCD s'est alors ramifié en une constellation de milices " ethniques" soutenues tantôt par l'Ouganda, tantôt par le Rwanda, sinon alternativement par l'un ou l'autre.

On reconnaît dans le troisième rayon les parrains financiers et industriels africains et occidentaux.

Dans le premier rayon, le conflit entre Lendu et Hema ainsi que les clans apparentés est déjà attisé depuis quelques années par les hostilités au Rwanda entre Tutsi et Hutu. Les analogies entre les communautés respectives sont fréquentes: comme les Hutu, les Lendu ont traditionnellement travaillé La terre alors que les Hema se font reconnaître comme éleveurs, à l'instar des Tutsi rwandais.

Chacun fourbit ses armes, et il doit en aller ainsi. Les sociétés occidentales instrumentalisent ces communautés pour sécuriser leurs concessions en même temps qu'elles utilisent le vieux mythe des guerres tribales à l'africaine pour masquer leur responsabilité. " Il est vrai qu'un différend de longue date au sujet de terres a entraîné un désaccord entre les deux groupes. Toutefois récemment, leur inimitié traditionnelle à propos des terres et le conflit qui les oppose actuellement sont utilisés comme une justification par les Hema, et en particulier le sous-clan extrémiste des Gegere, pour importer des armes et former leurs propres milices, l'objectif final non avoué étant de consolider leur pouvoir économique dans la région. "

Le tout n'a pas manqué de dégénérer en un misérable championnat. Une association locale des droits de l'Homme a dénombré 19 agressions lendu contre les Hema entre juin 1999 et janvier 2000. En retour, entre juin 1999 et avril 2000, les milices hema ont contre-attaqué 26 fois. Se faufilant, l'Armée ougandaise (UPDF) aurait participé à 24 agressions sous le couvert d'une vindicte tribale hema.

Plusieurs clans ont dû se positionner sur cet échiquier ensanglanté. Aux côté des Hema constitués sous la bannière politique de l'"Union des Patriotes Congolais" (UPC), se range le RCD-Goma pro-rwandais.

Les Lendu sont flanqués de l'armée gouvernementale de Kinshasa et reçoivent le soutien objectif du RCD-ML - une faction dissidente du RCD-Goma - ainsi que du MLC, deux mouvements épaulés par l'Ouganda qui attaquent eux aussi régulièrement les positions hema.

Mais l'Ouganda elle-même se montrera extrêmement versatile dans ce conflit et soutiendra tous les acteurs en présence. Au moment où commencent les hostilités en 1999, l'Ouganda penche pour les Hema et leur crée sur mesure la province de l'Ituri. Donnant le tournis à ses protégés, le commandant de l'Armée ougandaise (UPDF), Jattes Kazini, nomme Adèle Lotsove gouverneure de l'Iruri, pour la remercier aussitôt et la remplacer tour à tour par Wamba dia Wamba, Mbusa Nyamwisi, John Tibasiima, Jean-Pierre Bemba, Thomas Luhanga et Chief Kahwa, ce en quelques mois seulement, jusqu'à ce qu'un colonel ougandais, Edison Muzoora, occupe officieusement la fonction de gouverneur au début de 2001.

Ce soutien aux Hema est lui-même de courte durée. En juin 2002, l'Ouganda incarcère Thosmas Lubanga de l'UPC hema et le livre à Kinshasa. Mais c'est pour de nouveau soutenir l'UPC deux mois plus tard, en même temps qu'il chasse du gouvernement de l'Ituri ses anciens protégés.

En cinq ans, l'Ouganda arme alternativement une dizaine de groupes locaux différents (dont cinq massivement), entraîne des groupes rebelles depuis sa capitale Kampala, décide de leurs fusions, expulse les alliés devenus trop puissants, etc. Pis encore, l'armée ougandaise attise volontairement le conflit entre Hema et Lendu avant la signature des accords de paix, en armant simultanément les deux parties, de façon à se rendre indispensable à une solution de sortie de crise.

Le conflit ne cesse de gagner en intensité et les populations civiles sont piégées au milieu du champ de bataille: en 2002, on compte plus de 50.000 morts, 230.000 déplacés, 76 écoles primaires et 32 établissements secondaires détruits ainsi qu'un demi-million de maisons brûlées et les derniers pourvoyeurs d'aide humanitaire menacent de fuir à leur tour. Les chefs de guerre - notamment Bemba et Kabila - détournent à leur compte les salaires des militaires et leurs rations alimentaires, "contraignant" les soldats au centre de la bataille à survivre à coups de rapts et de pillage.

Les alliances et les loyautés entre et au sein des partis politiques et entre factions de guerre changent en permanence, ce qui accroît l'incertitude.

La crise culmine en mars 2003, lorsque l'armée ougandaise s'allie subitement au clan lendu pour débarrasser Bunia, la capitale de l'Ituri, de sa population hema.

Les Hema trouvent alors du renfort du côté du Rwanda, qui tend lui aussi à changer de camp.

De la folie pure. Un groupe déclare un jour la guerre à ses alliés d'hier en fonction d'alliances de circonstances et d'intérêts financiers toujours provisoires. Human Rights Watch tentera de démêler ce sac de noeuds dans un rapport consacré aux alliances politiques en vigueur dans la région.

LE " PROFIL RISQUE " DE HERITAGE OIL


En 2003, Heritage Oil s'impose comme " le candidat parfait pour commencer une nouvelle guerre des ressources dans la Région des Grands Lacs".

Ses contacts avec les acteurs régionaux remontent à l'époque du conflit. Ceux-ci ne sont sans doute pas étrangers à celui-là.

La pétrolière canadienne joue alors sur tous les tableaux, pactisant tant avec le clan Kabila qu'avec les pouvoirs ougandais et de nombreux chefs locaux.

Au plus fort de ces tractations, entre juillet 2002 et mars 2003, Human Rights Watch dénombre 5.000 morts parmi les civils. La région est un immense baril de poudre. "C'est dans ce contexte que le gouvernement de Kinshasa a accordé les régions frontalières de l'Ituri et du Nord-Kivu à Heritage Oil. Etant donné la situation volatile sur le terrain et la réputation de Heritage Oil, ceci équivalait à une déclaration de guerre." Les observations de Jean-Baptiste Dhetchuvi, responsable de la diplomatie à l'UPC, donnent froid dans le dos : " En Ituri, nous sommes engloutis par une guerre de pétrole. Si vous comparez la carte des gisements pétroliers de la région du Lac Albert à celle des massacres, il y a vraiment une ressemblance étrange"

HERITAGE OU MET DE L'HUILE SUR LE FEU


L'escalade de la violence devient inénarrable lorsque les forces en présence mesurent leurs victoires parle nombre de civils qu'elles massacrent dans le camp adverse. Le 31 août 2002, l'UPC hema et ses alliés de la communauté bira s'attaquent à un clan apparenté aux Lendu, les Ngiti, à Songolo. C'est un véritable carnage. Selon un témoin, les milices de l'UPC " ont tué des gens, la plupart par balles, d'autres avec des machettes et des lances. J'ai vu surtout des vieux se faire tuer. Certains ont été attaqués pendant leur sommeil, dont des enfants et des femmes. Les combattants bira ont également décapité certaines personnes à la machette. Il y a eu 140 morts dont plusieurs femmes et enfants. On a demandé aux gens de sortir de la brousse pour enterrer les morts. On s'est relayé pour les enterrer. L'attaque a duré environ neuf heures." 787 personnes ont disparu.

Lendu et Ngiti ont contre-attaqué quelques jours plus tard, le 5 septembre. " Les combattants des groupes armés ont [... commis des viols et des actes aussi inhumains que des mutilations et du cannibalisme, une pratique censée apporter une force rituelle à ceux qui s'y livrent et inspirer la terreur chez leurs adversaires ".

Sur une période d'environ dix jours, ils " ont Systématiquement massacré au moins 1200 civils hema, gegere et bira dans la ville ainsi que dans le Centre Médical Évangélique (CME), un hôpital soutenu par l'église". Le pasteur a été tué: "Son corps a été coupé et les morceaux jetés dans les latrines. "

L'hôpital de Nyankunde, de loin le plus important de l'Est congolais, a été complètement détruit, rendant incalculable le nombre de victimes indirectes de l'assaut. "Nyankunde, avec son hôpital de référence fondé en 1965 par un médecin américain, le Dr Becker, fut naguère une oasis. Cinq église protestantes avaient réuni leurs efforts pour créer cet hôpital de 250 lits où les malades étaient amenés de tout l'Est du Congo par une petite compagnie d'aviation, elle aussi gérée par les Eglises" Du reste, " la propagation du Vih/Sida, le nombre élevé d'enfants-soldats et les viols de femmes sont les autres conséquences de la généralisation du conflit armé, ".

Sur fond d'atrocités; les émissaires de Heritage Oil négocient. " En 2002, des agents de la compagnie ont commencé à prendre contact avec des chefs locaux en Ituri, dont plusieurs à Burasi ainsi qu'avec le Chef Kahwa de Mandro. Chef Kahwa a déclaré : " J'ai été contacté par les Canadiens de la compagnie pétrolière qui sont venus me voir. je leur ai dit qu'ils ne pourraient commencer à travailler en Ituri que quand j'aurais pris Bunia à l'UPC."

Les diplomates occidentaux se taisent. Sauf lorsqu'il s'agit d'aider le clan gouvernemental qui travaille de la façon la plus probante dans le sens des intérêts canadiens. Au moment où le rapport de force entre les opposants tourne en la faveur des Hema locaux, au détriment de l'alliance Lendu-Kinshasa-Heritage, les chancelleries occidentales s'activent. Le Canadien Paul Marrin, à ce moment-là en campagne au sein de son parti pour succéder au premier ministre démissionnaire, se découvre des convictions humanitaires et préconise pêle-mêle l'achat d'hélicoptères de combat et l'envoi des Forces canadiennes dans la région, en jouant sur le souvenir du génocide rwandais de 1994.

Le 6 mars 2003, l'armée ougandaise arrachera la capitale Bunia aux Hema.

Mais tout le monde a perdu au jeu. Sauf la pétrolière, certaine de ne jamais perdre: foin de ces discours sur le " profil risque" de l'entreprise Si les conséquences de sa présence deviennent "inacceptables", comme l'anticipe son directeur Bryan Westwood, elle n'aura qu'à évoquer à son tour un "coup de force majeur" et plier bagage.

DOUBLE BIND EN OUGANDA


En terre ougandaise, le projet pétrolier n'augure guère mieux.

" Nous voulons que l'Ouganda devienne le Koweït de l'Afrique."

C'est ce que, par humour noir ou négligence, Michael Wood de Heritage Ou déclarait au quotidien ougandais New Vision, le 28mars 2002. Les abords ougandais du Lac Albert, à la frontière de l'Ituri, sont prodigues en effet, comme le confirme en août 2006 son successeur Mkhael Gulbenkian : " Notre travail préliminaire dans le Lac Albert nous laisse croire que nous menons des travaux d'exploration dans une région prometteuse. " Selon l'agence de presse NZZ, il y en aurait pour des milliards Usd.

La zone du Graben, qui comprend le Lac Albert et la vallée de la rivière Semliki, regorge de pétrole de part et d'autre de l'Ouganda.

Bryan Westwood s'est voulu rassurant en déclarant que le travail serait à la fois " rentable et sensé écologiquement". Mais il y a tout lieu de croire le contraire non seulement en raison du conflit d'intérêts dans lequel il se trouve - étant simultanément actionnaire de Heritage et président du Bureau ougandais des Mines - mais aussi parce que les travaux de forage encourent là de graves conséquences s'ils ont lieu à répétition. En effet, il risque de s'ensuivre "une réduction des pressions sur les liquides souterrains conduisant à une subsidence et par conséquent à des inondations pendant la saison pluvieuse" l'eau qui surgirait alors serait porteuse elle- même de pétrole et des produits chimiques qu'on utilise pour l'exploiter.

Par ailleurs, la situation politique des Grands Lacs étant extrêmement tendue, s'il s'avérait qu'il n'y avait pas de pétrole, une crise risquerait d'éclater dégénérant en conflit armé entre différents groupes sociaux, voire avec le voisin rwandais12 En effet, depuis 1995, l'élite de différents royaumes intérieurs et les paysans débattent d'une réforme constitutionnelle délicate visant à départager leurs droits et acquis. Des acteurs de plusieurs paliers de pouvoir sont engagés dans le processus qui fera du pays, à terme, un Etat fédéral-multipartite.

Les partisans d'une réforme pacifique ont tout intérêt à ce que le président ougandais Museveni, au pouvoir depuis 1986, reste fort. Puisque l'Ouganda est depuis 1978 au bord d'une faillite économique sans cesse décalée par l'injection de fonds d'aide étrangers, le gouvernement Museveni a hypothéqué son avenir autour de cette découverte pétrolière. En ce sens, tout signe de fléchissement -et ce serait le cas si Heritage Oil pliait bagages - menace de porter préjudice au processus constitutionnel.

Heritage Oil a donc coincé l'Ouganda dans un double bind: s'il trouve du pétrole, le pays est confronté aux risques écologiques, sinon, il y a instabilité politique.

La situation est d'autant plus désespérée que rien ne dit, dans l'occurrence où Héritage Oil exploite effectivement du pétrole, que les tensions sociales qui couvent déjà ne plongeront pas le pays lui aussi dans la guerre. "Il ressort clairement que toute transformation de l'Ouganda en une économie de pétrole entraînerait des tensions dans la vie politique ougandaise. Les failles concernées existent déjà, mais elles deviendraient plus profondes."

Par exemple, les Batoro du Royaume de Toro - qui jouxte le Congo - sont épaulés par le gouvernement central dans un combat contre le mouvement sécessionniste des Bankonzo, apparentés aux lendu congolais. Ce mouvement sécessionniste s'est constitué une milice armée, I'ADF (Allied Democratic Forces) repliée dans les montagnes Rwenzori. Si le mouvement s'est apaisé au début de la décennie 2000, les travaux de Heritage risquent fort d'altérer ce fragile équilibre: c'est toute la région qui pourrait alors s'embraser. En effet, I'ADF de Bankonzo est amer parce que le site pétrolier se trouve en grande partie chez les Hema ougandais de Bundihugyo. " L'exploration du pétrole dans le domaine des Hema de Toro augmenterait l'écart de développement entre le territoire Toro et les régions des Bankonzo127." On assisterait à des guerres de clans analogues à celles qui font rage dans l'Est congolais.

Autre motif de crainte: la ville ougandaise Rwehisengo, où convergent des réfugiés hema du Congo fuyant les agressions lendu et ngiti, se situe à proximité des travaux de forage de Heritage Oil. Un résident de l'endroit, John Kabarere, a appris que le gouvernement ougandais forcerait les citoyens de la ville et tous ses réfugiés à quitter les lieux dans l'éventualité où ces travaux prendraient de l'envergure, ce qui semble s'avérer. "Nous aurons des problèmes avec ce pétrole. Le gouvernement dit que si nous faisons paître e bétail près des forages, nous devons le déplacer et nous devons trouver d'autres pâturages. Mais il n'y a pas d'autres pâturages, c'est plein. Il y a beaucoup de Congolais qui sont venus ici avec leur bétail, il n'y a pas de place."

Les derniers développements tendent à démontrer que la zone du Graben regorgerait surtout de pétrole dans le versant congolais. Du côté ougandais, on l'a divisé en cinq zones. Heritage Oil contrôle la zone 3 et détient 50 % des parts de l'entreprise d'exploitation; le reste des actions est détenu par Tullow Oil, son nouveau partenaire congolais. Le site de Iuraco-1 et 2129 ainsi que le " Bloc 3A" ont déjà fait l'objet de travaux de forage.

Sans surprise, aux guerres de clans qui sévissent dans l'est du Congo s'ajoute depuis 2007 l'escalade diplomatique entre Kinshasa et Kampala: le Congo oriental remet en cause l'établissement de la frontière entre les deux pays, précisément là où Heritage détient ses concessions1, près de la petite île de Rukwanzi, sous laquelle la nappe pétrolière tant convoitée trouverait ses limites.

En août 2006, un ingénieur d'Heritage Oil naviguant sur le fleuve Semliki, Cari Nefdt, est tué â l'issu d'échanges de tirs entre l'armée congolaise et les militaires ougandais. Plusieurs incidents du genre ont lieu dans les mois qui suivent et la méfiance s'installe. On craint de voir relancée la guerre entre les deux voisins. Le gouvernement de Kinshasa accusera l'Ouganda de violer sa souveraineté territoriale, a'ors que l'Ouganda revendiquerait un droit de regard sur la petite île de Rukwanzi - qui a toujours été sous juridiction congolaise - ou, à tout le moins sous une administration commune.

Quant à Heritage Oil, Kinshasa l'accuse de spolier illégalement le pétrole congolais en franchissant les limites des eaux territoriales. Pourtant, en juillet 2006, Heritage (395% des parts et sa major Tullow (48,5% des parts) ont signé une entente avec la société publique congolaise Cohydro (12% des parts) les autorisant à exploiter le pétrile du versant congolais à partir de leurs installations ougandaises. La tension est à couper au couteau à la frontière du Congo oriental et de l'Ouganda.

A l'issue de la phase d'exploration, c'est en territoire congolais qu'on a découvert l'essentiel de la nappe pétrolière. La production débutera en 2009. Le gouvernement congolais s'émeut soudainement de ne recevoir qu'une infime part des bénéfices, alors que de leur côté, Tullow et Heritage engrangeraient des profits faramineux, puisqu'elles détiennent majoritairement les parts des projets pétroliers actifs sur les deux rives du Semliki.

C'est pourquoi la commission congolaise de révision des contrats miniers cherche maintenant à nuire aux acteurs en présence...

Tiré de «Noir Canada, Pillage, corruption et criminalité en Afrique», Alain Deneault avec Delphine Abadie et William Sacher, Les Editions écosociété/Montréal

vendredi 11 mars 2011

Quel pourcentage de la population Ituri pourrait voter ? Interview-Gén. Mahboob

A  l'approche des élections générales en République démocratique du Congo (RDC), beaucoup de personnes espèrent que le processus électoral marquera un tournant dans l'histoire politique de ce pays miné par les conflits, la pauvreté et la mauvaise gouvernance.
En tant que commandant des forces de la Mission des Nations unies en RDC (MONUC) en Ituri, le général bengladeshi Mohammad Mahboob, explique les difficultés qu'il y aura à sécuriser les élections du 30 juillet, en particulier dans le district nord-est de l'Ituri où plusieurs milices sont encore actives et continuent d'attaquer la MONUC, l'armée congolaise et les villages alentours.



Général Mahboob - 19.5 ko
Général Mahboob
Commandant des Forces
de la Monuc en Ituri
Dans l'interview qu'il a accordée à IRIN le 29 juin, le général Mahboob aborde les problèmes relatifs à la sécurité, à la préparation des élections et les difficultés que les forces de la MONUC et lui-même rencontrent en Ituri. En voici quelques extraits :

Que peut-on dire de la situation sécuritaire en Ituri ?

LLE s'est beaucoup améliorée. Quand je suis arrivé ici il y a deux mois, il n'y avait que très peu de gens dans les rues. Maintenant, Bunia [la ville principale de l'Ituri] grouille d'activités commerciales. Nous avons mené d'importantes opérations qui nous ont permis de réussir, là où d'autres avant nous ont échoué.
Un exemple récent du succès des opérations de la MONUC a été la prise du bastion de Tche dans un secteur montagneux et rocheux où quelque 2000 [miliciens] s'étaient retranchés. Les miliciens ont opposé une vive résistance et plusieurs d'entre eux ont été tués au cours de ces combats.
Actuellement, les miliciens font face à une crise de leadership et c'est pour cette raison qu'ils n'opèrent que par petits groupes pour survivre. La prise de ce bastion a été un de notre plus grand exploit au cours des six dernières semaines. De plus, le programme de DDR [désarmement, démobilisation et réintégration] est un succès. Nous ne pensions pas qu'autant de personnes se rendraient ; cela a dépassé toutes nos prévisions. Il s'agit donc là d'indications concrètes qui prouvent que la situation s'améliore et qu'elle sera meilleure pendant les élections.

Quel pourcentage de la population Ituri pourrait voter ?

D'après les informations reçues de nos observateurs militaires présents sur le terrain, quelque 80 pour cent de la population participeront aux élections si la situation sécuritaire actuelle reste inchangée. Si elle s'améliore encore plus, ce pourcentage pourrait être revu à la hausse.
Les miliciens sont aussi prêts à participer au processus électoral et je ne pense pas qu'ils y sont vraiment opposés, d'autant plus que leur motivation est plus économique que politique. Ils ne sont pas aussi durs que des miliciens ayant des motivations politiques.
S'ils ne subissent aucune influence extérieure, ils ne créeront aucun obstacle pendant les élections. Mais la volonté de la population ici est si grande et si forte, que je ne pense pas que ces tentatives puissent aboutir.

Ressentez-vous l'influence de certains pays voisins dans cette région ?

Nous savons que tous ces groupes sont pris en charge et armés par des Etats voisins qui ont d'ailleurs des intérêts économiques. De nombreux trafics sont organisés à partir de cette région, mais je suis persuadé qu'il y a actuellement une pression extérieure assez forte de la part des Nations unies, de l'Union européenne et des Etats-Unis pour dissuader ces pays de s'immiscer dans le processus électoral en RDC. Je ne pense donc pas qu'ils puissent avoir une réelle influence sur le cours des événements.
Nous sommes très optimistes et pensons que les élections auront lieu comme prévues et qu'elles se dérouleront bien.

Considérez-vous les élections comme une porte de sortie pour la MONUC et combien de temps pensez-vous rester
en Ituri ?

Je suis certain que la MONUC ne compte pas s'éterniser ici comme, du reste, les contingents des pays participants.
Nous aimerions voir ce pays retrouver un fonctionnement normal et avoir le gouvernement qu'il a choisi, ce qui n'est pas le cas actuellement. Donc dès que la situation redeviendra normale et que les troupes congolaises seront redéployées sur tout le territoire, je crois que la MONUC pourra se retirer. Et si tout se passe comme dans le contexte actuel, ce retrait devra intervenir d'ici un an et demi ou 2 ans.

Quelle sera la réaction de la MONUC si, après les élections, certaines milices installées près de la frontière continuaient de mener des opérations avec le soutien de pays étrangers ?

La MONUC met tout en œuvre pour contrôler tous les territoires du district de l'Ituri ; ce n'est qu'une question de temps. Ce qui nous freine un peu, ce sont les négociations engagées pour obtenir la libération du Casque bleu népalais retenu en otage. Sans cela, nous en aurions déjà terminé avec les milices. Avec les FARDC [armée congolaise], nous avons la capacité de liquider toute résistance en Ituri. Si nous avons réussi à supprimer les milices de Tche, nous pouvons le faire encore n'importe où en Ituri ; ce n'est pas un problème.

Près de 60 pour cent des meurtres dans l'est du Congo sont commis avec des fusils AK-47, des armes qu'on peut se procurer très facilement. Si un contrôle plus strict était appliqué sur la vente de ces armes, votre travail n'en serait-il pas plus aisé ?

Certainement. Il n'y a aucun contrôle sur la production et la vente des armes légères. S'il y avait une convention internationale sur ces armes, comme c'est le cas avec les mines antipersonnel, cela permettrait de juguler la prolifération de ce type de milices, non seulement en Afrique, mais aussi dans le monde.

Comment décrieriez-vous les relations entre la MONUC et l'armée congolaise ?

Elles s'améliorent de jour en jour depuis les changements intervenus au sein des FARDC. Nous avons désormais comme interlocuteur un véritable professionnel, en la personne du Général Mbuayama Nsiona. Il fait tout ce qui est en son pouvoir et nos relations sont excellentes.
Chaque jour, nous discutons des problèmes relevés çà et là dans les opérations des FARDC et le lendemain il nous informe des mesures qui ont été prises pour y remédier.
La discipline au sein des troupes congolaises s'est aussi considérablement améliorée, si on tient compte des antécédents, notamment du non paiement de leur salaire mensuel qui est très insuffisant. Leur solde est passée de 10 dollars américains à 25 dollars.
Ils n'avaient pas de munition, de chaussures ou de vêtements et ils n'avaient pas toujours leur repas quotidien. Si on ne peut pas assurer le repas quotidien de la troupe, que peut faire le Général ? Malgré tout, ils font un travail exceptionnel et ils aiment profondément leur patrie.

La situation que vous venez de décrire, par exemple la comparaison entre les FARDC et la MONUC, n'est-elle pas source de conflit entre les deux forces ?

Non, la MONUC tente de venir en aide aux FARDC en leur donnant de la nourriture, du carburant pour le déplacement de leurs troupes et un appui militaire. Nous les aidons dans tous les domaines, chaque fois que nous le pouvons, de manière à atteindre les objectifs que la MONUC et les FARDC se sont fixés.

mardi 8 mars 2011

Bunia: des inconnus dérobent les salaires des fonctionnaires

Plus de 12 millions des francs congolais (plus de 13 mille dollars US) ont été emportés dans la nuit de dimanche à lundi 7 mars, par des inconnus, au bureau administratif du district de l’Ituri. Ce fonds était destiné aux salaires des fonctionnaires du territoire de Mahagi et une partie de Djugu pour le mois de janvier 2011. Le commissaire de district assistant déplore l’absence des éléments de la police pour sécuriser le bâtiment  administratif de l’Etat, alors que le commandant de la police nationale du district pense qu’il pourrait s’agir d’une dissimulation.
D’après les premiers éléments de l’enquête, l’auditeur militaire de garnison de l’Ituri à Bunia indique que ces cambrioleurs ont défoncé  les vitres, portes et armoires du comptable principal, du commissaire de district en charge de l’économie jusqu’à l’office du comptable délégué.
A la suite de ce cambriolage, le commandant de police de la cité de Bunia vient a été écroué au cachot de l’auditorat militaire de cette ville. Il est poursuivi pour violations des consignes, refus d’ordre et vol qualifié.
Le commandant de district de la police estime qu’une telle somme d’argent devrait être gardée dans une banque plutôt que dans les bureaux.
Le commissaire de district assistant de Bunia déplore, pour sa part, l’absence des éléments de la police pour sécuriser le bâtiment administratif de l’Etat et le retard pris pour envoyer l’argent à destination.(okapi)

jeudi 3 mars 2011

Ituri: des éleveurs étrangers envahissent le groupement Ngazba, selon la société civile

La population du groupement Ngazba, en chefferie de Bahema-nord, en territoire de Djugu, à plus de 100 kilomètres, au nord de Bunia, déplore l’invasion de leur entité par un groupe d’éleveurs identifiés comme des ressortissants rwandais par la société civile locale. Ces éleveurs venus de l’Ouganda ont emmené plusieurs vaches qui détruisent les champs des autochtones, indique la même source. Face à cette situation, la population locale exige le départ de ces éleveurs de leur groupement pour éviter des actes des violences entre les deux parties.
Près de cent éleveurs ont traversé la frontière avec plus de mille têtes de bétail, indiquent les membres de la société civile de Djugu.
Selon eux, ces éleveurs ont été expulsés de l’Ouganda pour séjour irrégulier.
C’est depuis le mois de juin 2010 que ces éleveurs de nationalité rwandaise arrivent en petit groupe dans la chefferie de Bahema-nord, selon les mêmes sources.
Ils occupent actuellement trois collines avec leurs bêtes qui détruisent les champs des autochtones, précise le président de la société civile.
Selon la commission foncière de l’Ituri, leur structure a été saisie de la présence d’un groupe d’éleveurs en conflit avec les agriculteurs dans la collectivité de Bahema-nord. Cependant, ces éleveurs n’ont pas été identifiés comme des ressortissants rwandais, a indiqué le président de cette commission foncière.
Les sources de l’association Coopérative des éleveurs de l’Ituri (ACOOPELI) indiquent que ces éleveurs installés dans ce groupement sont très bien connus en Ituri. Elles confirment que certains des éleveurs indexés sont des réfugiés rwandais installés en RDC depuis plusieurs années.
L’administrateur du territoire de Djugu dit avoir dépêché, il y a deux jours, une délégation dans ce groupement pour déterminer l’identité de ces éleveurs et calmer la tension entre les deux groupes.

Okapi.

ITURI: Total et Exxon se lancent dans la course du Pétrole

L’arrivée de l’italien ENI dans le Graben Albertine, en vue de l’exploitation du pétrole du lac Edouard, a créé des émules dans les milieux des pétroliers. Longtemps laissé à la portée des moins nantis, les majors de l’industrie mondiale du brut ont décidé d’entrer dans la danse. Le Français Total et l’Américain Exxon se sont engagés dans la course. A Kinshasa de jouer franc jeu pour tirer profit de la grande ruée sur le pétrole de l’Est.
Avec l’arrivée sur le lac Albert du géant pétrolier italien, ENI, d’autres géants de l’industrie mondiale du pétrole manifestent ouvertement leur intérêt sur les importantes réserves du Graben Albertine.
Le pétrole de l’Est de la RDC n’est donc plus l’apanage des moins nantis qui se sont lancés bien avant dans la course. La bataille promet d’être rude pour l’accès au brut du lac Albert, pour lequel l’Ouganda a quelques longueurs d’avance par rapport à la République démocratique du Congo.

LE NOUVEL ELDORADO

« N’ayant jusqu’ici attiré que des juniors sans expérience ni moyens, les bassins congolais sont désormais la proie des majors. TOTAL fera bientôt son entrée dans le Graben Albertine, l’ENI est en pole position dans la Cuvette centrale et sur le lac Edouard, tandis qu’EXXON est à l’affût d’opportunités. Cela tombe bien : à huit mois de l’élection présidentielle, le régime a besoin de remplir au plus vite les caisses de l’Etat ». C’est en ces termes que le magazine spécialisé Africa energy intelligence présente l’affaire sous le titre : « Les majors à pieds joints dans les Grands Lacs ».
En cette année électorale, la RDC a certes besoin de ressources additionnelles pour faire face aux impératifs des élections, mais des choix judicieux s’imposent pour éviter tout bradage du patrimoine national.
L’intérêt, plus que jamais ouvert accordé par des géants mondiaux, de l’industrie du pétrole, sur les réserves de l’Est recommande de la part du gouvernement une bonne dose de sagesse dans l’identification et le choix des partenaires. Il s’agit, entre autres, d’éviter ce qui est arrivé il y a quelques années au secteur minier où des contrats et conventions mal ficelés ont été contraints à la revisitation pour ramener l’Etat congolais dans ses droits là où il y avait déséquilibres ou irrégularités.
C’est désormais un secret de polichinelle. Tout le monde est convaincu que les tensions récurrentes ont des liens évidents avec le secteur des ressources naturelles. La plupart des conflits qui secouent l’Est de la RDC trouvent leur raison dans la recherche des facilités d’accès ou d’exploitation de certains minerais tels que le coltan, l’or ou la cassitérite. Et, comme si cela ne suffisait pas, c’est maintenant vers le pétrole que se dessinent les regards dans cette partie ensanglantée de la RDC.
D’où, la nécessité pour le gouvernement de s’inspirer du passé troublé de cette partie de la RDC ; des troubles qui n’ont eu, dans la plupart des cas, qu’un soubassement minier – loin d’un quelconque impératif de sécurité.
C’est sur le pétrole que se joueraient, prédisent nombre d’observateurs, la paix et la sécurité dans l’Est de la RDC. Les erreurs commises dans les mines ne doivent plus se répéter dans le secteur pétrolier. Kinshasa doit donc au préalable définir et préciser les termes de l’accord de partenariat. Il s’agit pour l’essentiel d’éviter de multiplier les frustrations qui ne feront qu’alimenter l’incertitude dans le secteur comme ce fut le cas dans celui des mines.

LES GRANDES MANŒUVRES

Autant donc dire que les grandes manœuvres ont déjà commencé pour la valorisation du pétrole congolais, notamment celui enfoui dans le sous-sol de sa partie Est. Jusqu’à ce jour, la RDC se contente d’une maigre production de 25.000 barils par jour réalisés par la société française Perenco sur le littoral de l’océan Atlantique dans le Bas-Congo. Aujourd’hui, c’est vers l’Est que se porte le nouveau regard, avec des réserves évaluées en milliards de barils. Plusieurs entreprises, généralement de seconde zone, s’étaient déjà lancées dans la bataille. D’autres, telles que Tullow Oil et Heritage Oil, ont été recalées dans la course.
Pour le moment, seules les entreprises Caprikat et Foxwelp pour le lac Albert et Soco international pour les concessions situées en plein cœur du parc national des Virunga ont eu l’autorisation d’explorer à l’Est. Mais, malgré les autorisations obtenues du gouvernement congolais, ces entreprises disposent d’un sérieux handicap. En effet, elles ne comptent pas, pour la plupart, dans l’échiquier mondial. Ce qui risque de jouer en leur défaveur lors de la phase d’exploitation. Et, l’arrivée annoncée des géants de l’industrie mondiale du brut devait raviver les tensions pour l’accès au pétrole de l’Est de la RDC.
Avec l’arrivée des majors de l’industrie mondiale du pétrole, Kinshasa n’a plus droit à l’erreur. Tout devra donc être mis en place pour que, finalement, la RDC et son peuple profitent réellement de la manne pétrolière de l’Est.

(le Potentiel: Pétrol de l'Est: Total et Exxon se lancent dans la course)