L’ambassadeur souligne que Kamerhe, qui avait été directeur de la campagne électorale de Kabila, en avait été récompensé par un poste clé et qu’il faisait jouer au maximum les prérogatives du Parlement. La rupture entre Kamerhe et le président date de janvier 2009.
Rappelons qu’à l’époque, désireux de neutraliser le chef rebelle Laurent Nkunda, Kabila avait négocié, dans le plus grand secret, un virage à 180 degrés : il avait accepté de normaliser les relations avec le Rwanda, d’autoriser une opération militaire réunissant les armées congolaise et rwandaise contre les rebelles hutus, et cela en échange de la mise hors d’état de nuire de Laurent Nkunda qui allait être arrêté par les Rwandais. Elu à Bukavu, très populaire au Kivu, Vital Kamerhe s’opposa vivement à cette décision, non seulement à cause de sa méfiance à l’égard du Rwanda, mais aussi parce qu’il avait été tenu à l’écart des tractations –tenues secrètes jusqu’au dernier moment pour des raisons opérationnelles- et qu’il estimait que le Parlement avait été placé devant le fait accompli.
Alors que Kamerhe refusait de quitter le poste où le chef de l’Etat l’avait nommé, l’ambassadeur américain suivit attentivement les méthodes utilisées par le cabinet de Kabila pour que les membres du bureau de l’assemblée retirent leur confiance à leur président qui demeurait très populaire au sein de l’institution : il y eut des intimidations, des menaces physiques et aussi des offres financières, à la hauteur de 200.000 dollars ! Même des chefs de tribu furent envoyés chez Kamerhe pour tenter de le faire fléchir.
Décrivant ces pressions, le diplomate ne se fait cependant guère d’illusions sur Kamerhe lui-même. Il observe que ce dernier, « avec beaucoup de soin, tente de se construire une image positive dans les cercles politiques congolais et auprès d’observateurs étrangers influents mais que sa réputation de leader novateur, démocratique et honnête ne correspond pas tout à fait avec la réalité. » Le diplomate évoque aussi l’ « ambition aveugle » d’un Kamerhe rêvant de devenir un jour chef de l’Etat et il mentionne le fait qu’il aurait tenté de bloquer des enquêtes à propos de détournements de fonds survenus alors qu’il était président du Parlement.
Suivant le diplomate, l’épreuve de force qui visait à contraindre Kamerhe à la démission devint d’une intensité telle que les représentants américain, français, belge, britannique et onusien en virent à redouter des intimidations, voire des menaces sur l’intégrité physique du président de l’assemblée. En mars 2009, lorsque le Parlement entama sa séance de printemps, Kamerhe pouvait encore compter sur une majorité au Parlement. L’ambassadeur relate comment elle s’éroda : «le président réussit à faire basculer des membres de l’opposition, non pas en leur offrant un paquet d’argent, mais en leur proposant des fonctions lucratives soit au gouvernement soit à la tête de parastataux… » Toujours est il que, avant de faire face à une motion de défiance émanant de son propre groupe, l’Alliance pour une majorité présidentielle, Vital Kamerhe, le 25 mars 2009, préféra présenter lui-même sa démission.
C’est le même homme qui, le 15 décembre dernier, remit son siège à la disposition du parti présidentiel et mit sur orbite l’Union pour la nation congolaise, un parti qui, espère-t-il, le mènera en vainqueur jusqu’à l’élection présidentielle.
Une autre des « fuites » de Wikileaks ne surprendra personne : au lendemain de la rencontre du président Kabila et de Steven Vanackere, qui avait remplacé Karel De Gucht aux Affaires étrangères, l’ambassadeur belge à Kinshasa, Dominique Struye, informa ses collègues du fait que si l’entretien s’était bien déroulé, c’est aussi à cause du départ de Karel De Gucht, envers qui le président nourrissait une véritable rancœur personnelle. Si les critiques formulées par De Gucht, à propos de la corruption au sommet et les violations des droits de l’homme, avaient souvent été jugées fondées par les experts du Congo, elles avaient, selon les Américains, heurté les sensibilités congolaises. La goutte qui avait fait déborder le vase, c’est l’affirmation, par Karel De Gucht, que la Belgique, ancienne puissance coloniale, avait « le droit moral » de se prononcer sur ce qui n’allait pas au Congo.
Blog de Colette B.
Rappelons qu’à l’époque, désireux de neutraliser le chef rebelle Laurent Nkunda, Kabila avait négocié, dans le plus grand secret, un virage à 180 degrés : il avait accepté de normaliser les relations avec le Rwanda, d’autoriser une opération militaire réunissant les armées congolaise et rwandaise contre les rebelles hutus, et cela en échange de la mise hors d’état de nuire de Laurent Nkunda qui allait être arrêté par les Rwandais. Elu à Bukavu, très populaire au Kivu, Vital Kamerhe s’opposa vivement à cette décision, non seulement à cause de sa méfiance à l’égard du Rwanda, mais aussi parce qu’il avait été tenu à l’écart des tractations –tenues secrètes jusqu’au dernier moment pour des raisons opérationnelles- et qu’il estimait que le Parlement avait été placé devant le fait accompli.
Alors que Kamerhe refusait de quitter le poste où le chef de l’Etat l’avait nommé, l’ambassadeur américain suivit attentivement les méthodes utilisées par le cabinet de Kabila pour que les membres du bureau de l’assemblée retirent leur confiance à leur président qui demeurait très populaire au sein de l’institution : il y eut des intimidations, des menaces physiques et aussi des offres financières, à la hauteur de 200.000 dollars ! Même des chefs de tribu furent envoyés chez Kamerhe pour tenter de le faire fléchir.
C. Breackman et A. Gizenga, Leader du PALU |
Suivant le diplomate, l’épreuve de force qui visait à contraindre Kamerhe à la démission devint d’une intensité telle que les représentants américain, français, belge, britannique et onusien en virent à redouter des intimidations, voire des menaces sur l’intégrité physique du président de l’assemblée. En mars 2009, lorsque le Parlement entama sa séance de printemps, Kamerhe pouvait encore compter sur une majorité au Parlement. L’ambassadeur relate comment elle s’éroda : «le président réussit à faire basculer des membres de l’opposition, non pas en leur offrant un paquet d’argent, mais en leur proposant des fonctions lucratives soit au gouvernement soit à la tête de parastataux… » Toujours est il que, avant de faire face à une motion de défiance émanant de son propre groupe, l’Alliance pour une majorité présidentielle, Vital Kamerhe, le 25 mars 2009, préféra présenter lui-même sa démission.
C’est le même homme qui, le 15 décembre dernier, remit son siège à la disposition du parti présidentiel et mit sur orbite l’Union pour la nation congolaise, un parti qui, espère-t-il, le mènera en vainqueur jusqu’à l’élection présidentielle.
Une autre des « fuites » de Wikileaks ne surprendra personne : au lendemain de la rencontre du président Kabila et de Steven Vanackere, qui avait remplacé Karel De Gucht aux Affaires étrangères, l’ambassadeur belge à Kinshasa, Dominique Struye, informa ses collègues du fait que si l’entretien s’était bien déroulé, c’est aussi à cause du départ de Karel De Gucht, envers qui le président nourrissait une véritable rancœur personnelle. Si les critiques formulées par De Gucht, à propos de la corruption au sommet et les violations des droits de l’homme, avaient souvent été jugées fondées par les experts du Congo, elles avaient, selon les Américains, heurté les sensibilités congolaises. La goutte qui avait fait déborder le vase, c’est l’affirmation, par Karel De Gucht, que la Belgique, ancienne puissance coloniale, avait « le droit moral » de se prononcer sur ce qui n’allait pas au Congo.
Blog de Colette B.
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