Kinshasa pas favorable à l'arrestation de Bosco Ntaganda par la CPI
KINSHASA - Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ne sont pas favorables "pour l'heure" à l'arrestation par la Cour pénale internationale (CPI) de Bosco Ntaganda, un ex-chef rebelle ayant rallié Kinshasa, a affirmé jeudi le porte-parole du gouvernement.
L'arrestation et le transfèrement à la CPI de Bosco Ntaganda, accusé de crimes de guerre notamment pour l'enrôlement d'enfants en 2002-2003 en Ituri (nord-est), n'est "pas possible pour l'heure", a affirmé Lambert Mende lors d'une conférence de presse à Kinshasa.
Depuis le ralliement de M. Ntaganda à Kinshasa en janvier, la communauté internationale, notamment l'Union européenne (UE), réclame aux autorités congolaises l'arrestation de cet ex-chef d'état-major de la rébellion congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégré au grade de général dans l'armée congolaise.
Ce ralliement avait considérablement affaibli le chef historique du CNDP, Laurent Nkunda, arrêté le 22 janvier au Rwanda où il est toujours détenu, deux jours après le lancement d'une opération militaire rwando-congolaise dans l'est de la RDC, qui s'est terminée fin février.
"Les chicaneries autour des poursuites à engager sans délai à l'encontre" de M. Ntaganda "sont de nature à infliger à ce pays fragile un remède pire que le mal", a estimé M. Mende.
Le président congolais Joseph Kabila avait déclaré début février au sujet de Ntaganda que pour lui "le choix est clair. La paix et la sécurité du Nord-Kivu passent avant toute chose".
Ntaganda occupe officiellement des fonctions non opérationnelles au sein de l'armée congolaise, chargé de l'intégration des ex-CNDP, mais il serait en fait le N.2 des opérations menées dans l'est depuis mars par l'armée contre les rebelles hutus rwandais.
"L'empressement à voir le couperet de la justice frapper tous les malfaisants est également partagé par le gouvernement" congolais, a assuré M. Mende, soulignant qu'il ne fallait "pas perdre de vue que sans la paix, l'espoir de faire passer la justice serait pure illusion".
Dans un récent rapport, un expert des Nations unies sur les exécutions extra-judiciaires, Philip Alston, affirmait que "l'impunité (était) si étendue" en RDC que Bosco Ntaganda détenait "un poste de commandement supérieur" au sein des Forces armées de la RDC (FARDC).
Selon M. Mende, "l'impunité n'est pas aussi répandue (en RDC) que le prétendent" l'ONU ou les ONG internationales.
En 2008, "3.453 policiers et militaires ont été détenus dans notre pays (...) soit près de 2%" des effectifs des FARDC estimées à 130.000 hommes, a-t-il avancé.
Bosco Ntaganda est également accusé par l'ONG Human Rights Watch (HRW) d'avoir commandé des troupes du CNDP qui ont massacré en novembre 2008 au moins 150 civils à Kiwanja (Nord-Kivu).
AFP/Xinhua
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