- 1 - LES DISTRICTS DES UELE ET LES GROUPES ARMES NON CONTROLES. UNE AUTRE FACE DES CRISES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.
Par ADERIBHO PETE Archange/ ISEAV-ARU, août 2008.
INTRODUCTION.
Profitant des crises nationales qui menacent la République Démocratique du Congo durant la dernière décennie, des groupes armés non contrôlés troublent la souveraineté nationale dans les Districts des Uélé, au côté des violences dans les deux provinces du Kivu et le phénomène religieux de BUNDU DIA KONGO dans la Province du Bas-Congo. Plus préoccupé à tenter de résoudre ces derniers, le gouvernement semblerait sous-estimer l’ampleur de l’anarchie, de la désolation et des violations systématiques de l’intégrité territoriale et des Droits de l’Homme dans cette partie septentrionale de la Province Orientale. La dynamique actuelle de la hauteur des crises dans les Uélé est un signe avant-coureur d’une fragmentation sociale naissante, occasionnée et renforcée par la disponibilité des armes légères illicites dont se servent des groupes non contrôlés. Qui sont-ils ? Que font-ils dans cet espace territorial congolais ? Quels sont les enjeux de leur présence pour la sécurité nationale ?
La façon d’aborder la problématique de cette étude nécessite de la replacer dans le contexte global de l’ordre national, car la crise sécuritaire dans cette partie du pays serait attribuée à la cohésion nationale encore chancelante qui fragilise l’effort du gouvernement. En l’absence d’une autorité renforcée de l’Etat dans cette partie de la province, des groupes armés non contrôlés en ont profité, les uns pour la conquête de l’espace vital, les autres pour assurer leur survie (1).
L’organisation et l’éthique de ces groupes s’apparentent davantage aux gangs criminels, disposés toujours à semer la désolation parmi la population, aux conséquences néfastes sur la décomposition des sociétés dans ces districts (2). - 2 -
Face à ce problème réel dont la population en est la victime première, des mesures d’ensemble sont donc nécessaires, mais jusqu’à ce jour, un consensus national tarde à résoudre cette crise. La présente étude s’attache à analyser la complexité et l’ampleur de la situation actuelle des Districts des Uélé afin d’y trouver des solutions d’urgence, au risque de la voir prendre une dimension internationale.
La façon d’aborder la problématique de cette étude nécessite de la replacer dans le contexte global de l’ordre national, car la crise sécuritaire dans cette partie du pays serait attribuée à la cohésion nationale encore chancelante qui fragilise l’effort du gouvernement. En l’absence d’une autorité renforcée de l’Etat dans cette partie de la province, des groupes armés non contrôlés en ont profité, les uns pour la conquête de l’espace vital, les autres pour assurer leur survie (1).
L’organisation et l’éthique de ces groupes s’apparentent davantage aux gangs criminels, disposés toujours à semer la désolation parmi la population, aux conséquences néfastes sur la décomposition des sociétés dans ces districts (2). - 2 -
Face à ce problème réel dont la population en est la victime première, des mesures d’ensemble sont donc nécessaires, mais jusqu’à ce jour, un consensus national tarde à résoudre cette crise. La présente étude s’attache à analyser la complexité et l’ampleur de la situation actuelle des Districts des Uélé afin d’y trouver des solutions d’urgence, au risque de la voir prendre une dimension internationale.
I. CARTE POSTALE DES DISTRICTS DES UELE
Le Bas et Haut Uélé sont les deux Districts enclavés de la Province Orientale, mais avantagés d’avoir des frontières nationales communes, l’un avec la République Centrafricaine et l’autre avec le Sud-Soudan (3) Par rapport aux Districts de la Tshopo et de l’Ituri, les deux Uélé présentent les traits communs suivants :
3 Ces frontières nationales offrent peu de protection face aux mouvements migratoires
- Le poids démographique est trop faible (0,2 hab/Km²) sur une superficie totale de 237.331 kilomètres carrés.
- Par rapport à l’ensemble de la Province Orientale dominée par la forêt sempervirente, la couverture végétale des Uélé est caractérisée par la savane herbo-arbustive, domaine des gibiers dont des faunes recherchées comme les éléphants, les buffles, les léopards, les lions, les rhinocéros blancs, les antilopes de diverses variétés, etc.
- Le taux de la population juvénile représente 25,2% de la population, de loin inférieur à celui de l’Ituri (43,5%) et de la Tshopo (38,3%). Ce phénomène serait attribué à des causes diverses dont la recrudescence des maladies épidémiologiques et la promiscuité sociale tolérée par la coutume.
- Sur le plan historique, ces Districts ont été sinistrés par la traite d’esclaves du XIX ème siècle, organisée à l’Ouest par les trafiquants musulmans de la secte senoussite et à l’Est par les Derviches de la secte Madhi.
- L’enclavement des Uélé n’est pas encore une priorité pour le Gouvernement dans son programme de développement et de la reconstruction. Le spectre de la paupérisation très avancée marque les deux Districts : les voies ferrées les
reliant au port fluvial de Basoko sont inopérationnelles depuis plus d’une décennie, les routes ne sont plus carrossables en véhicules, sauf en bicyclettes, les structures éducatives et sanitaires sont en état de délabrement épouvantables, la rareté des produits manufacturés de première nécessité, etc.
- Durant les années sombres de la dernière rébellion, les troupes du Mouvement pour la Libération du Congo de Jean-Pierre BEMBA et celles du Rassemblement Congolais pour la Démocratie de Roger LUMBALA, toutes soutenues par l’Ouganda, se sont payées des dividendes en détruisant les quelques infrastructures de production et en pillant la population. Les deux mouvements contrôlaient les Uélé et les stigmates qu’ils ont laissés par leurs hommes de troupe sont des souvenirs inoubliables pour la population. A ce jour, d’autres groupes armés les ont succédés, faisant encore des Uélé leurs sanctuaires.
II. LES GROUPES ARMES EN PRESENCE DANS LES UELE
Suivant les résultats des enquêtes, ces groupes peuvent se regrouper en deux catégories : les nationaux et les étrangers.
les groupes armés nationaux
Il s’agit principalement des éléments récidivistes et non brassés du MLC et du RCD/National d’une part et des braconniers d’autre part.
les éléments du MLC et du RCD/N
Dans la mise en oeuvre du programme de brassage et de réinsertion des forces rebelles au sein de l’Armée nationale, considérée comme indicateur du succès d’une opération de maintien de la Paix (4), les contingents du MLC et du RCD/N n’ont pas été entièrement bénéficiaires. Le retard dû à cette opération de désarmement démobilisation et réintégration (DDR) fait que ces éléments, pour la plupart originaires de ces Districts, font la loi avec les armes dont ils disposent. Se retrouvant dans un environnement de désespoir, avec peu ou pas de perspective d’avenir, il est indubitable que leur avenir peut être mûr pour la révolte (5).
Les populations des Uélé ont une longue tradition de la chasse comme mode d’économie ancestrale. Elles auraient très tôt appris la technique de fabrication artisanale d’armes à feu afin de maximiser les produits de la chasse.
Bien qu’insignifiante en termes économiques, cette production artisanale constitue une source d’approvisionnement importante pour les braconniers et les enquêtes ont révélé qu’elle est bien plus répandue qu’on ne le pense souvent. Cet arsenal artisanal serait davantage renforcé par des armes à feu modernes échangées contre des denrées alimentaires auprès des réfugiés soudanais, des éleveurs Bororo et voire des éléments non brassés (6). Dans l’impossibilité de déterminer le nombre approximatif d’armes à feu aux mains des civils congolais de la contrée, l’opinion s’accorde selon toute vraisemblance qu’elles sont généralement stockées à l’intérieur des habitations, emballées et dissimilées dans le sol. Les utilisateurs en opèrent en toute opportunité et dans une relative impunité.
les groupes armés étrangers
Il s’agit des groupes les plus redoutables qui sèment la désolation dans la région : les rebelles de la L.R.A et les éleveurs Bororo.
Les éleveurs Bororo
Tous de la culture musulmane, les éleveurs Bororo sont des nomades en transhumance dont l’identité reste difficile à déterminer. Ils seraient venus, les uns de la région du Tchad par la République Centrafricaine pour traverser la rivière Mbomu (frontière naturelle entre la RDC et la RCA), et les autres, du Sud-Soudan où leur présence massive avec bétail est signalée - 5 -
dans les provinces soudanaises de Western et Central Equatoria (7). A la recherche constante de pâturage, ces éleveurs ont profité de l’administration anarchique mise en place par les Mouvements rebelles congolais pour immigrer, en légitimant leur présence en Territoire national par l’obtention des documents migratoires qu’ils soutiennent toujours comme ‘’légaux’’. Ne sachant pour la plupart ni lire, ni écrire, ils ne connaissent qu’une manière de se faire respecter, celle du bout de canon. Les autorités locales et leaders religieux interrogés ont témoigné que ces nomades Bororo sont déterminés à conquérir des espaces vitaux pour leur bétail et leurs dépendants. Ils sont décrits comme des hommes lourdement armés, transportant d’énormes charges sur les dos des ânes et des chevaux et terrorisant la population devant toute résistance à l’occupation délibérée de leur terroir. A l’état actuel, cette horde des nomades a investi les Territoires de Bondo, de Ango et de Poko dans les Bas-Uélé, ceux de Dungu et de Niangara dans le Haut-Uélé, et ils continuent avec leur progression plus à l’intérieur.
En Territoire de Dungu, les habitants des Chefferies de Wando, de Malingindu et de Ndolomo se sont maintes fois plaints de la façon dont les Chefs traditionnels auraient sympathisé avec ces éleveurs, en leur octroyant d’espace de pacage contre rétribution en têtes de bétail, revendues au Sud-Soudan. Toujours dans ce Territoire, le Bureau Diocésain de Justice et Paix dont les déclarations sont soutenues par la Société Civile, dénoncent la présence d’au moins 5.000 Bororo avec plus de 20.000 têtes de bétail. Le 14 janvier 2008, cette Société Civile a manifesté son ras-le-bol en organisant une marche de colère assortie d’un mémorandum dans lequel elle a dénoncé la complicité, l’inertie et la fébrilité des autorités du District du Haut-Uélé et celles de la Province Orientale (8).
les rebelles de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA)
L’histoire de la rébellion ougandaise de Joseph KONY, riche en rebondissement, s’est soldée durant un peu plus d’une
décennie par la contre offensive fulgurante de l’Armée Ougandaise (UPDF), précipitant la traversée des rebelles dans les montagnes au Sud Soudan. Après avoir tenté de reconstituer ses bases arrières dans ce pays pour réenvahir l’Ouganda et en même temps combattre les rebelles de l’Armée Populaire de Libération du Sud-Soudan (APLS) soutenus par Kampala, J. KONY a recréé une génération des rebelles Acholi, appuyée par l’Armée Soudanaise de Khartoum. L’aide du gouvernement de Khartoum semblait être une contre mesure à l’égard de l’Ouganda, prétendu soutenir l’APLS, en guerre contre la domination musulmane du Nord depuis 1983.
En raison des critiques croissantes contre l’aide de la LRA, Khartoum a stoppé ses assistances en 2001. Or, la vie au Sud-Soudan, telle que confirmée par M.SCHMITZ, est extrêmement dure, car l’eau et la nourriture font défaut (9). Il fallait que les rebelles de la LRA attaquent des villages et pillent la nourriture des peuples guerriers soudanais, eux-mêmes entrain de crever de faim. D’où, de fréquentes escarmouches les opposaient à tel enseigne qu’en 2005, le seul salut était de quitter les bases soudanaises pour survivre quelque part en République Démocratique du Congo (10). Après avoir emprunté le couloir expressément créé par la SPLA, les éléments de la LRA se sont retrouvés dans l’immense parc de la Garamba. Après un séjour prolongé, ils auraient effectué des incursions en Territoire de Watsa et de Aru pour tenter de rapprocher les frontières ougando- congolaise, mais, ils ont été refoulés par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). De là, ils auraient suivi l’axe Banguli-Diagbe en longeant les lignes frontalières du parc jusqu’à Dungu-Doruma où ils ont semé partout la désolation. D’après les derniers renseignements confirmés par des sources administratives et missionnaires, ces rebelles en perpétuelle pérégrination se seraient basés dans le domaine de la chasse de Bili Uélé, au confluent de la rivière Bili qui se jette dans l’Ubangi. A partir de cette base, ils ne cessent de multiplier des raids jusqu’en République Centrafricaine.
Les reportages de Daily Monitor confirmés par les presses congolaises révèlent que plus de 700 rebelles de la LRA et leurs dépendants (femmes, enfants et vieillards) se seraient installés au triangle RDC-RCA et le Sud- soudan, dans le groupement administratif de Mbomu (11) Des témoins décrivent leur mode de vie comme des guerriers lourdement armés, audacieux et formés par plus de deux décennies d’endurance rude dans la jungle. Sur leur passage, ils ne s’embarrassent pas de piller, de réquisitionner des hommes pour transporter les charges et des bicyclettes pour leur déplacement. Aux alentours de la localité de Biebie, ils ont tué le Chef NYEMULEMA pour l’avoir trouvé avec un fusil de chasse. Affectés par cet acte, les habitants des villages ont vidé les lieux. Le 1er mars 2008, après avoir enlevé Cinq élèves et Un enseignant sur le chemin dans la localité de Okwafutu, ils ont tué un pêcheur à Nakala pour avoir refusé de leur céder sa pirogue. Les témoins rapportent que la victime a été mutilée, les yeux crevés et les organes génitaux arrachés ( !).
Le samedi, 22 mars 2008, ils ont visité le Centre de Santé de Bamuzele tenu par les Missionnaires Comboniens et ont emporté avec eux médicaments et matériels. En plus, ils ont complété leur butin en kidnappant trois enseignants et des élèves filles dont ils en ont certainement abusées (12).
De ces quelques cas d’illustration et selon toute vraisemblance, il est à craindre que ces rebelles réorganisent leurs guérillas de manière imprévisible à partir de leurs bases en République Démocratique du Congo et surtout de constituer des cellules de formation en enlevant des enfants, selon leurs habitudes (13).
A en croire aux propos du Capitaine RAY APIRE, reportés par les médias de Kampala, la LRA se serait fragmentée à environ dix groupes et chacun opérerait de manière indépendante. Mais cette dispersion ne signifie pas que le Mouvement est démembré.
Tous les groupes agissent sous la haute coordination de J.KONY (14).
III. LES MOTIVATIONS DE LA PRESENCE DES GROUPES ARMES.
Outre les motivations générales pour tous les groupes, il faudrait spécifier les raisons fondamentales en ce qui concerne les rebelles de la LRA.
Les raisons d’ordre général
Les raisons déterminantes peuvent se résumer en termes suivants :
- le sous-peuplement dans l’ensemble des Uélé où se profilent de vastes espaces inhabités et non exploités pour l’agriculture ;
- l’attrait par les richesses floristiques et fauniques dont les plus démonstratives sont celles du parc de GARAMBA et ses environs où l’on peut prélever des trophées recherchés, grâce à l’usage d’armes légères ;
- le scramble à la recherche des matières premières (or et diamant), lesquelles sont exploitées de manière artisanale.
Les motivations spécifiques pour la LRA
- La présence de la LRA sur le Territoire soudanais est de plus en plus contestée par la population victime de leur razzia. En vue de normaliser les bonnes relations entre Juba et Kampala, il était plus indiqué pour la SPLA de se débarrasser de leur présence trop compromettante.
- La stratégie tactique destinée à protéger les proches de J.KONY pour éviter d’^être capturés, il fallait rechercher un asile sûr, loin de trop médiatiques traqués de l’armée ougandaise (UPDF) qui dispose des camps de surveillance dans le Sud-Soudan.
- L’attrait par l’environnement géographique des Uélé, propice pour héberger des rebelles et où la possibilité de camouflage et de survie reste assurée dans les jungles giboyeuses.
- La faiblesse du Gouvernement Congolais qui semble moins se préoccuper de la protection des frontières nationales avec le Soudan et la République Centrafricaine (15).
- Dans leurs analyses, les médias de Kampala évoquent aussi l’intention de la LRA de conclure une Alliance avec l’Armée Populaire pour la Reconstruction de la Démocratie (APRD) qui combat le régime de François BOZIZE en République Centrafricaine et la possibilité de faire jonction avec les rebelles du Darfour n’est pas exclue dans leur agenda. A ce sujet, le Sunday Vision reporte la rencontre entre J.KONY et le Général MAHAMAT NOURI, Chef de la rébellion ‘’Union des Forces pour la Démocratie et le Développement du Tchad (UFDD), sans préciser la date et le lieu (16).
- Quant à leur cohabitation avec les Bororo, toutes tentatives d’alliance auraient échoué, car les objectifs de groupes sont diamétralement opposés. Les deux groupes se sont maintes fois affrontés lorsque les éléments de la LRA ont toujours tenté de s’emparer de leur bétail.
Dans le contexte actuel, la complexité du problème créé par la présence des groupes armés dans les Uélé constitue déjà un frein à la restauration de l’Ordre civil et provoque la décomposition des sociétés à l’instar de celles du Nord-Kivu et Sud-Kivu. Aussi bien les Bororo que les éléments de la LRA, tous sont déterminés à se maintenir pour assurer leur survie par les forces des armes, un objectif qui, selon O.LANOTTE, passe par la négation du droit à la sécurité du voisin, voire de son droit d’existence (17).
IV. QUELLES PERSPECTIVES DES SOLUTIONS ?
En raison de l’ampleur du problème posé par ces groupes armés dans cette partie de la République démocratique du Congo que les éléments de la LRA et les Bororo ont transformé en leurs sanctuaires croisés, il faudrait une solution nationale globale et concertée pour rétablir l’ordre sécuritaire face à la récurrence de la violence à grande échelle dont la population reste la principale victime.
Au niveau régional, la République Centrafricaine (victime d’agression de la LRA et voie de passage des Bororo), l’Ouganda (inquiète de l’irrédition des rebelles de la LRA), le Sud-Soudan (censé accueillir les dernières négociations de paix entre Kampala et la LRA) et la République Démocratique du Congo ; tous ensemble, ils devront définir un Plan d’Action de grande envergure pour rétablir l’équilibre régional. 4.1. Au niveau national La marche de la Société Civile de Dungu du 14 janvier 2008 et la Conférence de Développement du Territoire de Faradje (CODEFAR) tenue à Aba au début du mois de février sont les deux réactions fort sensibles pour alerter l’opinion tant national qu’international sur la gravité de menaces sécuritaires dans cette partie du pays.
En réponse, la Commission mixte du Sénat et du Ministère de la Défense dépêchée dans la région, s’est contentée de résumer son impression par cette déclaration laconique : ‘’le problème sera réglé pour bientôt’’ (18). Pour signifier leur détermination, les Bororo ont investi au lendemain de cette mission les Chefferies de Salonga et de Babena en Territoire de Poko et celle de Bomandi en Territoire de Niangara. A l’ouverture de la session parlementaire du début Mars 2008, le Sénat a inscrit la situation des Uélé parmi les sujets à débattre ; tandis que le Conseil de Gouvernement, tenu le 21 mars à Matadi (Province de Bas-Congo) a aussi abordé le problème sans proposer des solutions concrètes. En attendant une solution durable à l’échelle nationale, la population redoute que l’environnement des Uélé risque de transformer ces éleveurs en sédentaires et leur déguerpissement par l’usage de la force fera des victimes parmi la population. 4.2. Au niveau régional Depuis 1994, le Gouvernement de Kampala a tenté d’obtenir de la LRA le cessez-le-feu définitif et le désarmement des combattants à travers de différentes négociations dont celles de Juba, Capitale du Sud-Soudan.
La signature tant attendue des Accords de Paix de Ri-Kwangba, localité située en pleine clairière dans le Sud-Soudan, -
à proximité de la limite Nord du parc de Garamba, initialement prévue pour le 5 avril puis reportée au 14 avril 2008, fut boycottée par J.KONY qui ne s’est pas présenté (19).
Il convient de rappeler que J.KONY s’est toujours caractérisé par son inconstance dans les efforts antérieurs déployés en vue d’atteindre un Accord de Paix définitif (20). En réaction à cet échec de Ri-Kwangba, ‘’le Gouvernement de Kampala s’est finalement proposé de relancer la guerre de poursuite de la LRA jusqu’en son dernier retranchement’’, reporte le correspondant de la Radio France Internationale à Kampala, Gabriel KÔEN. Et pour cela, le Président YOWERI KAGHUTA MUSEVENI, en visite à Juba le 15 avril 2008, a, au cours d’une conférence de presse, envisagé une action régionale concertée contre J.KONY à laquelle devront prendre part le Soudan, la République Démocratique du Congo et l’Ouganda.
Déjà en Janvier 2008, les Officiels des Ministères de Défense de la République Démocratique du Congo et de l’Ouganda se sont rencontrés pour définir les opérations militaires planifiées contre les rebelles de la LRA installés dans les Uélé. D’après le Journal Le Millénaire, cette rencontre faisait suite à la réunion de Ngurdoto en Tanzanie au cours de laquelle YOWERI MUSEVENI et Joseph KABILA ont signé un Accord pour une opération commune contre J.KONY, si ce dernier refuse de conclure les accords de paix de Ri-Kwangba (21). Dans la mesure où toutes ces dispositions seront mises en application, cela risque apparemment d’ouvrir la porte du Congo pour une seconde invasion de l’Armée ougandaise, semblable aux Mouvements de l’UPDF vers le République Démocratique du Congo, entre 1998 et 2003. Certes, une telle opération reste l’ultime solution, mais c’est la population congolaise qui en payera le lourd tribut, car elle risque d’être prise en otage et servir comme bouclier comme la LRA en a l’habitude.
V. REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
1. O.LANOTTE, République Démocratique du Congo. Guerre sans frontières, GRIP et Ed. Complexes, Bruxelles, 2003.
2. P.LOCK, La disponibilité des armes légères illicites. Comment combattre cette menace mondiale ?, GRIP, Bruxelles, 1999.
3. B.ONANA, ‘’Etat de Processus de démobilisation et de réinsertion’’, in MONUC Magazine, N° 42, Avril-Mai 2007.
4. L.REYCHELLER et T.PAFFENHOLZ, Construire la Paix sur terrain. Mode d’emploi, GRIP, FDI et Ed. Complexes, Bruxelles, 2000.
5. M.SCHMITZ (sous la coordination de), La guerre. Enfants admis, Co-éd. GRIP et Ed. Complexes, Bruxelles, 2001.
1. O.LANOTTE, République Démocratique du Congo. Guerre sans frontières, GRIP et Ed. Complexes, Bruxelles, 2003.
2. P.LOCK, La disponibilité des armes légères illicites. Comment combattre cette menace mondiale ?, GRIP, Bruxelles, 1999.
3. B.ONANA, ‘’Etat de Processus de démobilisation et de réinsertion’’, in MONUC Magazine, N° 42, Avril-Mai 2007.
4. L.REYCHELLER et T.PAFFENHOLZ, Construire la Paix sur terrain. Mode d’emploi, GRIP, FDI et Ed. Complexes, Bruxelles, 2000.
5. M.SCHMITZ (sous la coordination de), La guerre. Enfants admis, Co-éd. GRIP et Ed. Complexes, Bruxelles, 2001.
VI. ANNEXE I : CHRONOLOGIE DES FAITS MARQUANTS.
14 janvier 2008 : Manifestation de la Société Civile à Dungu. 25 janvier 2008 : Arrivée à Isiro (Chef-lieu du Haut-Uélé) de la Commission mixte Sénat et Ministère de la Défense. Fin Janvier et Début Février 2008 : Occupation massive des Chefferies de Solanga et et de Babena en Territoire de Poko et celle de Bamundi en Territoire de Dungu. 17 février 2008 : Passage de la LRA au chef-lieu de Dungu et pillage des Missionnaires Comboniens de la Paroisse de Duru, situé à 75 Kms de Dungu. Du 20 au 23 février 2008 : organisation à Aba de la Conférence pour le Développement du Territoire de Faradje (CODEFAR). Entre le 12 février et le 2 mars 2008 : la LRA traverse la rivière Mbomu pour séjourner en République Centrafricaine (district de obo). Ils ont pillé des villages et ramener 80 personnes pour transporter les charges. Le 1er mars 2008 : la LRA enlève 5 élèves et 1 enseignant sur le chemin dans la localité de Okwafutu et tué un pêcheur à Nakala. Le 11 mars 2008 : Agression de la LRA sur le Conservateur du Parc de Garamba dont 2 gardes du corps en sortent blessés. Le 14 mars 2008 : la LRA envahit la Mission Catholique de Doruma, faisant fuir les habitants en brousse, sauf les Missionnaires. Ils ont pillé la paroisse. Le 23 mars 2008 : second pillage de la Mission de Doruma, le Centre de Santé de Bamuzele et la Localité de Yakuluku. Le 26 mars 2008 : Prise en otage de 150 personnes en Centrafrique et ramenées en RDC. Le 14 avril 2008 : Echec des Accords de Ri-Kwangba (Sud-Soudan) Du 21 au 24 avril 2008 : Forte mission de la délégation provinciale à Isiro et à Garamba, conduite par le Vice-Gouverneur de la Province Orientale. - 14 -
Annexe II : Province Orientale : Superficie et Population.
Districts
Territoires
Superficie (Km2)
Population
1973
1993
Bas-Uélé
Aketi Ango Bambesa Bondo Poko
25.417 34.704 9.128 38.075 22.908
63.568 82.984 85.404 65.964 116.574
127.136 165.960 170.808 197.889 174.761
Sous-total
140.132
414.494
836.554
Haut-Uélé
Dungu Faradje Niangara Rungu Wamba Watsa
32.446 13.108 9.204 8.605 10.305 16.015
155.526 125.745 60.345 18.702 180.065 93.433
233.189 251.490 90.517 423.639 470.307 280.299
Sous-total
89.684
633.816
1.769.041
Ituri
Aru Djugu Irumu Mahagi Mambasa
6.740 8.184 8.730 5.221 36.783
192.554 357.907 185.972 236.193 55.266
587.662 1.173.721 557.916 708.579 165.798
Sous-total
65.658
1.027.932
3.193.676
Tshopo
Bafwasende Banalia Basoko Isangi Opala Yahuma Ubundu
47.087 24.430 22.436 15.000 26.665 19.073 42.196
51.650 73.650 106.404 102.165 147.813 55.228 88.228
103.300 110.475 212.808 306.496 221.719 110.456 176.456
Sous-total
196.887
525.138
1.242.710
Total général
592.361
2.591.360
7.041.981
Ref. de Bas de page
1 Il s’agit principalement des éleveurs Bororo et des rebelles de la LRA 2 Lire P.LOCK, la disponibilité des armes légères illicites. Comment combattre cette menace mondiale ?, GRIP, Bruxelles, 1999
3 Ces frontières nationales offrent peu de protection face aux mouvements migratoires
4 L.REYCHELER et T.PAFFENHOLZ, Construire la paix sur terrain. Mode d’emploi ; GRIP, FDI et Ed. Complexes, Bruxelles, 2000.
5 B.ONANA, ‘’Etat de processus de démobilisation et de réinsertion ‘’, in MONUC Magazine, N°42, avril-mai, p.11. 6 Les témoignages des braconniers ou de leurs intermédiaires confirment la détention d’énorme quantité s d’armes de fabrication artisanale et modernes parmi la population, utilisées généralement pour la chasse
6 Les témoignages des braconniers ou de leurs intermédiaires confirment la détention d’énorme quantité s d’armes de fabrication artisanale et modernes parmi la population, utilisées généralement pour la chasse
7 Durant la guerre civile du Soudan, les éleveurs des tribus Dinka , Lwo, Nuer, Shilluk et Boor ont été transférés dans les camps à bétail créés dans ces provinces. Leur relation avec les peuples agriculteurs Madi, Moru, Avokoya, Zande, Bari a toujours été tendue
8 Le Ministre provincial des Affaires Intérieures interrogé à ce sujet sur Radio OKAPI du 17 janvier 2008 a rassuré l’opinion en ces termes : ‘’Le gouvernement prendra des mesures qui s’imposent ( !)’’
9 M.SCHMITZ (Sous la coordination de ), la guerre. Enfants admis, Co.éd. GRIP et Ed. Complexes, Bruxelles, 2001, p.81. 10 Il s’agit de suivre l’exemple des rebelles ougandais de l’ADF et du NALU qui se sont installés dans le massif de Rwenzori, au Nord Kivu.
11 D’après les informations de la BBC reportées dans le journal Sunday Vision Vol.15, N° 13 du 30 mars 2008 et de DAILY MONITOR du 29 février 2008, le Parlement centre africain réuni le vendredi 28 mars 2008 a reconnu par la voix du député MBOLI NANI du District de Obo, la prise en otage de 150 personnes , après avoir pillé des villages. 12 Témoignages reçus de la Société Civile de Dungu 13 Lire M.SCHLITZ, op.cit.
14 RAY APIRE est l’un des conseillers spirituels de J.KONY qui, après l’avoir servi durant 19 ans , a décroché pour intégrer l’UPDF.
15 Dans leur mémorandum du 14 janvier 2008, la Société Civile de Dungu a déploré le déplacement en effectif limité des unités de la police nationale et d’un contingent de la MONUC, tous basés à Dungu centre 16 SUNDAY Vision, Vol.15, N° 13 du 30 mars 2008 17 O.LANOTTE, République Démocratique du Congo. Guerres sans frontières, GRIP, Ed. Complexes, Bruxelles, 2003, p.237.
18 Propos du Colonel KABENGELE, Directeur du cabinet du Ministre de la Défense, diffusé par RADIO OKAPI, du 27 février 2008.
19 L’accord de Ri-Kwangba devait être signé en présence de Joachim CHISANO, médiateur de l’Union Africaine. 20 Le NEW VISION du 15 avril 2008 note que J.KONY aurait demandé le report des accords de Ri-Kwangba pour la simple raison qu’il lui faudrait du temps pour s’entretenir d’abord avec ses chefs spirituels et les leaders Acholi et surtout de s’acquérir du texte de cet accord 21 Lire MILLENAIRE ,N° 60 du 25 janvier 2008.
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