Le lait de la mort s'appelle " Fair Lovely "(Kimp.)
Le Phare s'est fait hier l'écho de l'information faisant état de la mise en circulation, depuis quelques jours, et ce à partir de la ville de Butembo (Nord-Kivu), d'un important lot de lait importé de Chine, déclaré impropre à la consommation humaine par l'antenne locale de l'Office Congolais de Contrôle (OCC). Ce produit laitier a ceci de particulier : il contient de la mélamine, un ingrédient chimique responsable du blocage des fonctions rénales. Décelé en septembre 2008 en Chine, la mélamine avait rendu malades plus de 300.000 bébés et provoqué la mort de près d'une dizaine d'entre eux. Le lait chinois vendu actuellement auprès des consommateurs de Butembo porte la marque " Fair Lovely ". Il se présente sous la forme de lait concentré sucré en boîtes. Selon des sources locales, le principal point de vente se trouve être le magasin ayant pour label Ets " Mutsopi Kareseka ", situé sur l'avenue Bukavu n°24. On laisse entendre que le 6 décembre 2008, une cargaison de 25 tonnes de ce lait " Fair Lovely " avait traversé la frontière congolaise, à partir du poste douanier de Kasindi, en provenance du port Mombassa, au Kenya, via le territoire ougandais.
Frappées par une mesure de saisie par l'OCC/Butembo en raison de la présence de la mélamine dans les échantillons testés au laboratoire de cette société d'Etat, les 25 tonnes de lait " Fair Lovely " avaient été consignées dans un dépôt du Service de Quarantaine, en attendant des instructions de Kinshasa pour sa destruction. On laisse entendre qu'en plus de la clef de l'entrepôt détenue par la Quarantaine, des copies avaient été remises à l'OCC/Butembo et à la Police Nationale de la même ville. Mais, à la surprise de ces trois services et du public, l'entrepôt de la Quarantaine a été récemment vidé de son stock de lait contaminé, sous prétexte que l'importateur aurait ramené de Goma des documents officiels l'autorisant à le commercialiser. L'ennui est que l'OCC/Butembo, le Service de Quarantaine comme la Police Nationale ne reconnaissent pas avoir ouvert l'entrepôt et libéré le stock de lait incriminé à la demande de qui que ce soit. En fait, au stade actuel, le mystère reste épais à la fois au sujet de l'autorisation écrite venue de Goma pour donner le feu vert au lait de la mort et du service de l'Etat qui aurait procédé à l'ouverture de l'entrepôt de la Quarantaine/Butembo. Contacté par Le Phare dans le souci d'éclairé la lanterne de l'opinion, le Directeur national chargé de l'Hygiène aux frontières a promis de réunir le maximum d'éléments sur le dossier avant de se confier à la presse. Un membre du cabinet du ministre de la Santé s'est engagé lui aussi de s'informer auprès de l'inspection provinciale de la Santé au Nord-Kivu avant de lever une option. Toutes les tentatives du Phare de joindre la haute direction de l'OCC, à Kinshasa, se sont avérées vaines. Entre-temps, la mort rôde autour des milliers de ménages non seulement de Butembo mais d'autres villes du Nord-Kivu et du pays où le lait concentré sucré de marque " Fair Lovely " a probablement déjà atterri. Tout ce que l'on peut recommander aux consommateurs congolais, pour l'heure, est de se montrer particulièrement vigilants face au produit laitier dont l'identité est à présent connue. L'on ne peut toutefois s'empêcher de déplorer le non respect des consignes de l'OCC et ses antennes provinciales chaque fois qu'un produit alimentaire ou chimique avarié envahit le marché congolais. Qui sont les tireurs des ficelles dans la commercialisation des produits de la mort en RDC ? On se souvient que de la mi-juin 2008 jusqu'au début du mois en cours, les consommateurs congolais étaient tenus en haleine par l'affaire du riz avarié importé de Chine par Congo Futur, dans un long feuilleton de contestation de l'expertise de l'OCC par cette firme commerciale, appuyée en cela par des lobbies politiques, et ce, en dépit des recommandations de l'Assemblée Nationale appuyant la position de l' OCC. C'est seulement le 31 janvier dernier que le ministre de la Justice a intimé l'ordre au Parquet Général de la République de procéder à l'incinération du stock de six tonnes de riz consignées à l'entrepôt de l'Onatra/Boma depuis 8 mois. Dieu seul sait si la mesure destruction de ce stock jugé dangereux pour la santé humaine ne va pas, une fois de plus, souffrir des pesanteurs politiques. Ceci expliquant cela, il n'est pas impossible que le lait " Fair Lovely " arrive à s'offrir un long safari à travers la République, avec des dégâts sur la santé des milliers de consommateurs, avant le réveil des décideurs politiques.
2009-02-10
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