L’arrivée de l’italien ENI dans le Graben Albertine, en vue de l’exploitation du pétrole du lac Edouard, a créé des émules dans les milieux des pétroliers. Longtemps laissé à la portée des moins nantis, les majors de l’industrie mondiale du brut ont décidé d’entrer dans la danse. Le Français Total et l’Américain Exxon se sont engagés dans la course. A Kinshasa de jouer franc jeu pour tirer profit de la grande ruée sur le pétrole de l’Est.
Avec l’arrivée sur le lac Albert du géant pétrolier italien, ENI, d’autres géants de l’industrie mondiale du pétrole manifestent ouvertement leur intérêt sur les importantes réserves du Graben Albertine. Le pétrole de l’Est de la RDC n’est donc plus l’apanage des moins nantis qui se sont lancés bien avant dans la course. La bataille promet d’être rude pour l’accès au brut du lac Albert, pour lequel l’Ouganda a quelques longueurs d’avance par rapport à la République démocratique du Congo.
LE NOUVEL ELDORADO
« N’ayant jusqu’ici attiré que des juniors sans expérience ni moyens, les bassins congolais sont désormais la proie des majors. TOTAL fera bientôt son entrée dans le Graben Albertine, l’ENI est en pole position dans la Cuvette centrale et sur le lac Edouard, tandis qu’EXXON est à l’affût d’opportunités. Cela tombe bien : à huit mois de l’élection présidentielle, le régime a besoin de remplir au plus vite les caisses de l’Etat ». C’est en ces termes que le magazine spécialisé Africa energy intelligence présente l’affaire sous le titre : « Les majors à pieds joints dans les Grands Lacs ».
En cette année électorale, la RDC a certes besoin de ressources additionnelles pour faire face aux impératifs des élections, mais des choix judicieux s’imposent pour éviter tout bradage du patrimoine national.
L’intérêt, plus que jamais ouvert accordé par des géants mondiaux, de l’industrie du pétrole, sur les réserves de l’Est recommande de la part du gouvernement une bonne dose de sagesse dans l’identification et le choix des partenaires. Il s’agit, entre autres, d’éviter ce qui est arrivé il y a quelques années au secteur minier où des contrats et conventions mal ficelés ont été contraints à la revisitation pour ramener l’Etat congolais dans ses droits là où il y avait déséquilibres ou irrégularités.
C’est désormais un secret de polichinelle. Tout le monde est convaincu que les tensions récurrentes ont des liens évidents avec le secteur des ressources naturelles. La plupart des conflits qui secouent l’Est de la RDC trouvent leur raison dans la recherche des facilités d’accès ou d’exploitation de certains minerais tels que le coltan, l’or ou la cassitérite. Et, comme si cela ne suffisait pas, c’est maintenant vers le pétrole que se dessinent les regards dans cette partie ensanglantée de la RDC.
D’où, la nécessité pour le gouvernement de s’inspirer du passé troublé de cette partie de la RDC ; des troubles qui n’ont eu, dans la plupart des cas, qu’un soubassement minier – loin d’un quelconque impératif de sécurité.
C’est sur le pétrole que se joueraient, prédisent nombre d’observateurs, la paix et la sécurité dans l’Est de la RDC. Les erreurs commises dans les mines ne doivent plus se répéter dans le secteur pétrolier. Kinshasa doit donc au préalable définir et préciser les termes de l’accord de partenariat. Il s’agit pour l’essentiel d’éviter de multiplier les frustrations qui ne feront qu’alimenter l’incertitude dans le secteur comme ce fut le cas dans celui des mines.
LES GRANDES MANŒUVRES
Autant donc dire que les grandes manœuvres ont déjà commencé pour la valorisation du pétrole congolais, notamment celui enfoui dans le sous-sol de sa partie Est. Jusqu’à ce jour, la RDC se contente d’une maigre production de 25.000 barils par jour réalisés par la société française Perenco sur le littoral de l’océan Atlantique dans le Bas-Congo. Aujourd’hui, c’est vers l’Est que se porte le nouveau regard, avec des réserves évaluées en milliards de barils. Plusieurs entreprises, généralement de seconde zone, s’étaient déjà lancées dans la bataille. D’autres, telles que Tullow Oil et Heritage Oil, ont été recalées dans la course.
Pour le moment, seules les entreprises Caprikat et Foxwelp pour le lac Albert et Soco international pour les concessions situées en plein cœur du parc national des Virunga ont eu l’autorisation d’explorer à l’Est. Mais, malgré les autorisations obtenues du gouvernement congolais, ces entreprises disposent d’un sérieux handicap. En effet, elles ne comptent pas, pour la plupart, dans l’échiquier mondial. Ce qui risque de jouer en leur défaveur lors de la phase d’exploitation. Et, l’arrivée annoncée des géants de l’industrie mondiale du brut devait raviver les tensions pour l’accès au pétrole de l’Est de la RDC.
Avec l’arrivée des majors de l’industrie mondiale du pétrole, Kinshasa n’a plus droit à l’erreur. Tout devra donc être mis en place pour que, finalement, la RDC et son peuple profitent réellement de la manne pétrolière de l’Est.
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