Cet événement politique est intervenu au moment où Vital Kamerhe, ancien président de l’assemblée nationale et patron de l’Union pour la Nation Congolaise, son parti politique, se baignait encore dans la foule dans les deux Kivus, après la sortie officielle de son mouvement politique à Kinshasa. A Bunia, John Tinanzabo, président national ad interim de l’Union des Patriotes Congolais, UPC, n’a pas voulu rater l’occasion.
Vendredi 17 Décembre 2010, il rend public devant la presse à Bunia le texte d’alliance politique conclue quelques semaines plutôt, entre son parti politique avec l’UNC de Vital Kamerhe, à Kinshasa. Etaient aussi dans la salle polyvalente du district ce jour-là, quelques militants de l’UNC. Cette nouvelle a retenti comme une forte détonation dans plusieurs salons politiques de la province orientale. Le parti de Thomas Lubanga qui, semble-t-il, toquait aussi la porte de l’AMP, venait de fixer l’opinion sur sa position politique en 2011. Vital Kamerhe est notre candidat président de la république en 2011 car le projet de société de sa formation politique et celui de l’UPC contient plusieurs similitudes. Ce propos est de John Tinanzabo, l’homme qui jouit encore de la confiance du détenu de la Cour Pénale Internationale Thomas Lubanga pour présider aux destinées de sa formation politique pendant son absence dans le pays. Au sein des militants à la base, deux points de vue s’érigent naturellement pour interpréter la grande nouvelle annoncée par leur président national intérimaire. La 1 ère opinion estime tout d’abord que John Tinanzabo avait engagé le parti sur base de ses propres liens d’amitié avec Vital Kamerhe. La nouvelle se dément petit à petit, John Tinanzabo, démontrera que les négociations avaient commencé à La Haye au Pays-Bas lorsque Vital Kamerhe est allé rendre visite notamment aux détenus Jean Pierre Bemba et Thomas Lubanga. John Tinanzabo démontrera aussi qu’a Kinshasa tous les députés nationaux membres de son parti, a savoir Pélé Kaswara, Balembu, et Jean Baptiste Detchuvi, ainsi que Richard Lonema, un autre cadre influent du parti, avaient pris part aux travaux de conception et d’adoption des textes d’alliance et que ce n’est que le jour de la signature que Jean Baptiste Detchuvi a été empêché. Un autre courant se créera au sein des militants de l’UPC face à cette situation. Celui-là estimera qu’il est tout à fait naturel de régler des comptes à Joseph Kabila en 2011 car c’est lui qui a livré le leader Thomas Lubanga à La Haye en 2006 et qu’il continuait à détenir au centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, CPRK, sans procès d’autres militants du parti, entre autres Djokaba Lambi. Sont embarrassés, des anciens militants de l’UPC, convertis au PPRD pour des raisons notamment de la sécurité de leurs affaires ou de leurs ambitions politiques. Parmi eux, le président du comité de la Fédération des Entreprises du Congo, FEC-Ituri, Constant Bubu Lenga. Celui-ci, reconnu comme un ami personnel du Gouverneur Médard Autsayi, n’a pas tardé. Comme dans un état de panique totale, il a rapidement initié un communiqué de presse de démobilisation des operateurs économiques face à l’entreprise UPC-UNC. Le 22 Décembre 2010, Monsieur Bubu Lenga, accompagné de son vice-président Too Dhekana, patron de l’hôtel Cosmos, tous deux anciens sympathisants de l’UPC de Thomas Lubanga convertis au PPRD, ont précipitamment pris leur avion pour Kinshasa. A Bunia, l’opinion soupçonne qu’ils sont partis rencontrer les hautes instances du PPRD, si pas le chef de l’Etat lui-même, pour chercher à obtenir notamment des moyens financiers capables de les aider à organiser dans des bonnes conditions la riposte contre l’ombre de Kamerhe en Ituri. La même opinion pense que ce ne sont pas malheureusement des hommes qu’il faut car ne disposant d’aucun atout oratoire ni de la personnalité politique suffisante pour mobiliser la masse. Donc, il y a risque que le chef de l’Etat se fasse rouler tout simplement ! Ces deux émissaires peuvent jouer d’autres rôles et non celui d’avant-garde, poursuit la même opinion. L’alliance UNC-UPC a aussi essuyé une autre gifle politique. La mise au point de la communauté Hema à travers le professeur Pilo Kamaraki, porte Parole de cette communauté. Dans un point de presse organisé le 23 Décembre 2010 dans la salle polyvalente du district en présence de plus de 300 intellectuels de Bunia, origines confondues, le professeur Pilo a tenu à fixer l’opinion sur un fait. L’UPC n’est pas synonyme de la communauté Hema et que toute action menée ou position prise par ce parti politique ne doit pas être interprétée comme celle de la communauté Hema. Autrement dit, l’alliance UPC-UNC ne doit pas être interprétée comme celle des bahema avec le parti de Vital Kamerhe. Le porte parole de la communauté Hema de l’Ituri avait indiqué devant la presse que son portable est débordé de coups des fils depuis l’annonce officielle de l’alliance UPC-UNC. La plupart des correspondants lui déclarerait tout simplement ceci : « les hema, venez-vous de faire votre choix sur Kamerhe ? » Prof Pilo Kamaraki voudrait surtout protéger ces pauvres paysannes hema des villages ou de la cité de Bunia qui risquent de faire innocemment les frais au moment des turbulences politiques issues des alliances politiques, bien qu’ignorant tout de tenants et des aboutissants de toute alliance politique conclue toujours par certains de leurs proches politiciens. Dans le camp de l’UPC, à travers son président ad interim John Tinanzabo, l’action du prof Pilo et celle de Mr Constant Bubu Lenga, ne sont perçues à la limite que comme une réaction naturelle des adversaires politiques, identifiant Bubu Lenga au militant du PPRD et prof Pilo Kamaraki au militant MSR. Ce dernier ne reconnait pas du tout avoir déjà adhéré au MSR. Il brandit son identité de scientifique, du notable et de porte parole de la communauté Hema pour justifier son action.
Les deux camps politiques en Ituri en 2011.
En 2011, l’Ituri constituera un enjeu électoral important que convoitent le pouvoir et l’opposition à la fois. Le pouvoir cependant pourra avoir peu de choses à raconter au moment de la campagne électorale en termes des bilans. Beaucoup de promesses politiques n’avaient pas été réalisées. La centrale hydroélectrique de Budana n’a pas été réhabilitée, les artères principales de Bunia n’ont pas été asphaltées, les tronçons routiers Bunia-Kasenyi et Bunia-Mahagi, n’avaient pas été non plus réhabilités. Ce sont des réalités que l’opposition exploitera certes pour vilipender le pouvoir pendant la campagne électorale en 2011. Le pouvoir peut tout de même se prévaloir la prétention d’avoir pacifié l’Ituri en mettant fin aux groupes armés, en dépit de la persistance des groupes résiduels de la FRPI et du FPJC. La communauté internationale à travers la Monusco, avait joué un rôle important dans cet effort d’imposition de paix en Ituri en neutralisant les groupes armés. Et cette collaboration Monusco-gouvernement de la RDC est encore importante d’autant plus que le boulot n’est pas encore fini surtout en territoire d’Irumu, ou l’on enregistre encore plusieurs villages désertés de leurs habitants ainsi que plusieurs dizaines des milliers des déplacés de guerre, suite à la présence des miliciens du FPJC. Une autre réalité qui risque d’être exploitée au détriment du pouvoir en Ituri au moment de la campagne électorale prochaine est l’absence de réponses positives aux nombreuses attentes de la population de l’Ituri. Le statut de la province de l’Ituri attendu pendant plusieurs décennies par les ituriens et prévue par l’actuelle constitution, n’avait pas été proclamée pendant la 1 ère législature de Kabila et ce malgré la demande de tous les élus nationaux et provinciaux de ce district, tendances politiques confondues. Il y a aussi la cité de Bunia qui n’avait pas été proclamée ville comme annoncée au moment des promesses électorales du pouvoir en place. Il y a lieu de noter également la détention des anciens chefs de guerre de l’Ituri, entre autres Yves Kawa, Floribert Ndjabu, Djokaba Lambi et autres, qui croupissent au CPRK à Kinshasa, malgré de nombreuses lettres de demande de clémence adressée par la société civile locale au chef de l’Etat, contrairement à ceux du CNDP, de Pareco et d’autres groupes des Kivus, qui ont bénéficié du gouvernement de nombreux traitements de faveur autres que le maintien en détention. Toutes ces réalités, l’opposition risque d’en faire un enjeu majeur de campagne et promettre même en usant de la simple démagogie, des réponses contraires à celles données par le gouvernement jusque-là. Ce n’est pas encore tard pour le pouvoir ! L’élargissement de Yves Kawa, déjà acquitté par la justice d’ailleurs au second degré, celui de Floribert Ndjabu, et des autres, peut susciter un autre sentiment au sein de leurs bases vis-à-vis du pouvoir. La réhabilitation de la centrale hydroélectrique de Budana n’exigerait qu’une dizaine des millions des dollars américains pour que ce poumon énergétique de l’Ituri, joue valablement son rôle. L’année 2011 peut être consacrée à la réhabilitation et entretien des routes de dessertes agricoles de l’Ituri, sans oublier l’entretien du tronçon routier Bunia-Mahagi, qui inaugure la partie congolaise de la transafricaine qui débute à partir de la ville portuaire kenyanne de Mombassa. La reconnaissance administrative de la cité de Bunia en une ville n’est qu’une question de volonté politique, faisable en 2011. Il en est de même, celle de l’Ituri en province. Ne pas tenir compte de toutes ces recommandations, c’est accorder un cheque politique vierge à l’opposition, plus particulièrement à Vital Kamerhe et son UNC, dont la prochaine campagne dans les mois à venir risque de viser les territoires de Mahagi et d’Aru. Aux dernières nouvelles, des pourparlers entre quelques dirigeants du FNI, un autre parti politique de la majorité issu de l’ancien groupe armé portant le même nom et l’UNC de Vital Kamerhe, seraient déjà en cours.
Pacificateur